Atobe x Yukimura - Douceurs de Noël

Atobe, lui, cacha plus ou moins bien son mal-être de se trouver en pareille situation. Au pire, il le paierait cher à coup de pression pour éviter que cela ne s'ébruite trop loin. Non pas qu'il ne soit pas fier de ce qu'il faisait - non, il ne l'avouerait jamais mais ce petit stage forcé avait quelque chose de plutôt amusant - mais voir le grand Atobe en ébeniste ... ce n'était tellement pas courant que c'en était drôle. D'ailleurs, le brun devant lui s'en empêchait.

" Quelque chose t'intéresse ? " demanda-t-il un peu brusquement, ce qui n'était pas totalement ce qu'il escomptait. Sa voix avait dépassé ses pensées.

"Moui..." répondit évasiment Yukimura, son regard se perdant sur les jouets en bois.
"Est-ce que si j'achète la boutique du Père-Noël, j'ai le droit au lutin qui va avec ?" ajouta t-il malicieusement en regardant de nouveau Atobe.

Yukimura ne l'avouerait jamais, mais il était curieux de savoir ce que le prestigieux Atobe Keigo pouvait bien faire dans un tel endroit. Il dût se mordre la lèvre afin s'empêcher de lui poser la question.

Yukimura poussa un petit soupir désabusé en constatant qu'Atobe ne relèverait pas ses dernières paroles, pire, qu'il fixait une étrange petite maison qu'il n'avait pas remarqué avant.

"Je cherche quelque chose d'assez exceptionnel qui puisse convenir à une fillette de 6 ans" lança-t-il en désespoir de cause.

Son regard fit une nouvelle fois le tour de la boutique avant de s'arrêter de nouveau sur Atobe.
Il ne savait pas si c'était le faible éclairage ou la tenue que portait le capitaine de Hyotei, mais Yukimura ne put s'empêcher de le trouver différent.

"Si je m'écoutais, j'achèterais toute la boutique, plaisanta-t-il en se reprenant. Que me conseillerais-tu ?"

Ses yeux fidèlement ancré dans ceux d'Atobe, Yukimura se surprit à se demander si ceux-ci avait toujours eut la même intensité ou si c'était l'exiguïté de la pièce qui l'exacerbait.

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Ce qui pouvait convenir à une petite fille ? Atobe crut un instant qu'on était contre lui. Avait-il une tête à savoir ce que le bas monde des prolétaires désirait, surtout à cet âge ? Il maudit un instant son patron d'une semaine qui était évidement parti réparer un meuble chez un client. Lui aurait largement pu contenter la demande du prodige. Mais le temps n'était pas aux soupirs et aux domage, Atobe réfléchit un instant, tentant plus ou moins difficilement de se mettre dans la peau d'une gamine qui rêvait devant les princes charmants et leurs chevaux blancs. Après une petite minute de silence, il alla dans les étalages et revint vers son client avec une boîte.

" C'est une boîte à secret, " expliqua-t-il. " Il faut trouver l'ouverture ... ( il déplaca un morceau de bois lui permettant d'en retirer un autre, puis il fit deux ou trois autres manipulations pour ouvrir la boîte. ) on peut y cacher toutes sortes de choses. Une petite fille doit bien avoir des secrets ... ? " Atobe referma la boîte comme il l'avait ouverte. " On peut aussi en faire sur mesure ou avec une forme spéciale. "

Celle qu'il avait ammenée était tout à fait banale mais il y en avait d'autres en forme d'éléphants, de meuble ouvragé ou de livres.

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Yukimura afficha une moue délicieusement adorable. Il était assez sceptique quant à l'utilité d'un tel objet.
Certes Kosuke avait des secrets, or il en était le gardien. A quoi bon pouvait bien lui servir une telle boîte ?
L'idée lui plaisait cependant assez bien. Elle pourrait y ranger ses lettres d'amour et autres objets fétiches.

"L'idée est assez séduisante, cependant quelque chose me chiffonne. Si c'est une boite à secret, seul son possesseur en connait l'ouverture. Or Kosuke a beau être intelligente, je ne crois pas qu'elle puisse le trouver d'elle-même. Cela m'a l'air assez complexe. Il faudrait que quelqu'un lui montre, auquel cas, ce n'est plus vraiment une boite à secret puisque quelqu'un d'autre y aura accès."

Plus Yukimura y pensait, plus il était tenté. D'autant plus qu'il pouvait la faire sur mesure. Il lui suffisait de réfléchir a un des nombreux codes qu'ils avaient mis au point avec sa soeur et de le transformer en ouverture secrète. Une énigme glissait avec le cadeau et le tour était joué. Aucun membre de sa famille ne serait comment ouvrir la boîte mis à part lui...

Elle avait un problème sa boîte ? Atobe se souvenait très bien que ce basique objet ait été sa première création. On pouvait d'ailleurs voir un petit K en dessous, forcé par le maître ébeniste de la maison. " Une oeuvre n'en est plus une si elle n'a pas un jour eu d'auteur ". Phrase étrange, il était vrai mais qu'importe. Il avait alors mis son initiale. Ca ne changerait pas grand chose, c'était tout comme sa raquette de tennis. Enfin bon, fini les divagations, les règles internes de la maison étaient de vendre n'importe quel objet ayant tenté l'oeil du client. Maintenant, il n'avait plus le choix.

" Le but de cette complexité est surtout pour dissuader tout autre personne d'ouvrir la boîte en pensant à une simple défaillance, puis ... " Atobe rouvrit la boîte. " Une fois que l'on sait, ou du moins que l'on a compris le mécanisme ... "

" Si le soucis est une personne extérieure, alors autant que ça soit quelqu'un de parfaitement inconnu, voire le créateur, qui lui montre comment on peut l'ouvrir et la fermer. Peut être aura-t-elle moins peur de savoir que ses proches ne savent pas le faire. Ou le lui faire découvrir par elle-même ... "

Atobe apporta d'autres modèles. " De plus, chacun est différent. Il n'existe pas deux boîtes identitques vu qu'elles sont faîtes mains. "

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"Oui c'est idée" répondit Yukimura dubitatif.

Il observa les autres boîtes qu'Atobe venait de lui apporter. C'est à ce moment là qu'il remarqua le petit K gravé en dessous de la boîte. Machinalement il le redessina du bout des doigts, perdu dans ses pensées.

"Qui est le créateur ?" demanda-t-il brusquement.

Cela le surprit. Le K paraissait tellement évident. Ce n'était pas encore du plus pur art mais c'était assez digne de ce qu'il pouvait réaliser. Atobe montra l'outil qu'il avant à la main, signe qu'il travaillait.

" Ca me semblait évident ... " fit-il, les yeux rivés sur la boîte.

Sans savoir pourquoi, un imperceptible frisson traversa son dos.

" Si ces modèles là ne te conviennent, je suis en train d'en faire un autre dans l'atelier ... et comme je l'ai dis plus tôt, nous pouvons en faire des sur mesure. "

Yukimura lui lança un regard torve. Certes, cela répondit à une partie de ses interrogations, mais comment aurait-il pu le deviner ?

"Bien sur, ironisa t-il. Le Grand Atobe Keigo que l'on imagine se gavant de foie-gras et de caviar, passe en réalité, son temps à travailler le bois. Vraiment, je ne comprends pas pourquoi je n'ai pas fait le rapprochement plus tôt"

Il reporta son attention sur la boîte qu'il tenait en main, caressant distraitement le bois, y admirant secrètement l'ouvrage.

"Elles sont vraiment magnifiques" souffla-t-il presque avec tendresse.

Il tourna son visage en direction d'Atobe, croisant de nouveau son regard.

"Pourquoi es-tu là ?" demanda t-il doucement.

Décidément, son image ne collait vraiment pas à ses activités. Était-ce si surprenant de voir Atobe Keigo travailler ? Oh ça oui ! Il n'en revenait qu'à moitié lui même d'apprécier un tel travail. Mais créer quelque chose de ses propres mains le rendait fier de lui, c'était comme se découvrir une nouvelle identité. Autre que celle du prodige en tennis, ou même en bonnes manières.

Atobe, après quelques secondes de silence dûes à ses réflexions, se décida enfin à répondre.

" Stage purement scolaire, " déclara-t-il simplement.

Yukimura afficha une expression clairement surprise.

"Je ne savais pas qu'il y avait des stages pratiques à Hyotei. C'est toi qui a choisi ce métier ou on te l'a imposé ?"

Évidemment, ça n'était par plus plaisir qu'Atobe était là, il aurait dû s'en douter, pourtant à aucun moment l'idée ne lui traversa l'esprit.

Il admira une nouvelle fois la boîte à secret qu'il tenait dans les main. Elle était vraiment magnifique. Cela paraissait inconcevable qu'Atobe est pu créer une tel merveille de ses mains... Et pourtant, le 'K' gravé le prouver.

Yukimura jeta un léger regard Atobe. Ce dernier ne semblait pas disposer à lui parler. Il comprenait d'où venait l'antipathie que Sanada éprouvait à son égard.

"Excuse-moi si je t'ennuie avec mes questions." ajouta-t-il d'une petite voix, alors qu'il reposait délicatement la boîte sur un meuble.

" Cela arrive une fois par trimestre, " expliqua Keigo. " C'est plus ou moins imposé, on fait des tirages. "

Cette pratique pourrait être surprenante de la part de Hyotei Gakuen mais après tout, c'était un lycée (presque) comme les autres. Juste un peu plus riche et empli de petites gens aux airs fiers et hautains. Un peu comme lui en fait ( encore se trouvait-il une raison d'être ainsi et pas autrement ).

Il regarda la boîte être reposée à sa place, sans un mot. Ah, voiolà qu'il se trouvait gêné, chose indicernable à la vue. Le regard de Yukimura sur la boîte qu'il avait fait avait eu quelque chose de si étrange ...

Atobe du revenir à la réalité un peu brusquement. Il ferma les yeux une seconde puis les rouvrit.

" Tu désires donc quelque chose ? "

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Le visage de Yukimura se tourna une nouvelle fois vers son interlocuteur, il paraissait soudainement fatigué.
Le capitaine de Rikkai allait ouvrir la bouche pour parler quand la sonnerie de son téléphone portable retentit.

Un pauvre petit sourire d'excuse se dessina alors sur ses lèvres tandis qu'il plongeait sa main dans la poche de son manteau et en extrayait son téléphone.

Ses sourcils se froncèrent en visualisant l'identité de l'émetteur, et il prit immédiatement un air courroucé.

"Allô, répondit-il sur un ton agacé. Il y eut un moment de silence avant qu'il ne reprenne sur le même ton. Où je suis ? Mais je suis là où vous aurait dû être ! Je peux savoir ce que vous trafiquer ? Ça fait une heure que je vous attends !"

Le silence envahit de nouveau la boutique. Yukimura flânait dans les rayons, prenant un objet de temps à autre pour l'examiner, puis le reposer.
Des petits mouvements de tête accompagné parfois les paroles de son interlocuteur.

"Mais j'y suis et si vous n'y êtes pas c'est que vous vous êtes trompé !" s'impatienta soudainement Yukimura.

Il roula des yeux en entendant une nouvelle fois les paroles de son ami, puis adressa un sourire condescendant à Atobe.

"Passe-moi Sanada, je veux parler à quelqu'un de sensé."

Entendre la voix de Sanada le détendit légèrement. Elle était certes aussi calme et posée que celle de Renji, mais elle possédait un il ne savait quoi qui l'apaisait invariablement.

"Sanada... veux-tu bien dire à cet empoté qui nous sert de dataman, de revoir sa base de données et de s'acheter une boussole puisque je suis à Meishiku et..."

Sa voix mourut dans le creux de sa gorge quand, en passant devant la vitrine de la boutique, il relut le nom de la station de bus.
Comment avait-il pu être aussi aveugle et se tromper de kanji. pire, qu'allait-il devenir si cette information parvenait aux oreilles de Yanagi.
Un frisson de terreur lui parcourut l'échine tandis qu'il se tournait vers Atobe.

"Sanada... Je rentre, lâcha-t-il dans un souffle. Retrouvez-moi à la gare."

Sur ces derniers mots, il raccrocha vivement son portable et le rangea tout aussi rapidement avant de croiser le regard d'Atobe.

"Je suis désolé, je dois y aller. Excuse-moi de t'avoir dérangé."

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Ne pouvant faire autrement qu'attendre, Atobe avait suivi des yeux son client qui ne semblait pas de tendre humeur. Il se demandait bien ce qu'il se passait mais ne voulant pas être indiscret - et, au fond, se disant que c'était totalement inutil que de se renseigner sur une telle chose -, se ravisa de toutes questions. Il ne fit que patienter dans son coin, attendant que l'autre ait fini son manège entre les rayons.

Le téléphone fut raccroché et Yukimura s'excusa. Atobe ne sut s'il fallait répondre et surtout comment, un point déçu. Il allait ouvrir la bouche quand la clochette retentit. Et dans le silence fut accueilli une jolie dame accompagnée de son enfant, suivie d'un vieux et gros monsieur à la moustache. Rouspétant contre la lourdeur de la porte, il l'ouvrit avec difficulté à sa toute nouvelle cliente, leur demandant d'entrer.

" Ah ! Keigo ! " dit-il en apercevant son assistant. " Cette dame aimerait un cadeau pour sa fille. " expliqua-t-il. Puis ses yeux se posèrent sur Yukimura, où il resta silencieux pendant un petit moment. " Ton premier client en personne ? "

Il lança un sourire au capitaine de Rikkai tout en posant sa question à son disciple.

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Yukimura se retourna entendant la sonnette, et se tassa vers la droite afin que tout le monde puisse tenir dans la petite boutique.

"Bonjour" saluat-il "Euh non... enfin... Oui... pas exactement enfin... c'est à dire que..."

Pour une raison inexpliqué, Yukimura sentit ses joues le chauffer et il lança un appel désespéré à Atobe.

Atobe fut plus ou moins d'humeur charitable. Ne pouvant de toute façon pas satisfaire tout le monde en même temps, il s'excusa aurprès de la cliente en lui demandant de parcourir les rayons - sans oublier de lui indiquer celui prévu pour les plus jeunes - et revint vers Yukimura.

" Je m'occupe de vous dans quelques minutes, " leur déclara-t-il finalement avant de pousser un petit soupir une fois retourné.

Il s'en rappelerait de ce stage. Être larbin pour les autres, il n'en avait guère l'habitude. S'écartant du passage de son patron, il mit la main sur la poignée de la porte de la boutique.

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Yukimura se sentait mal à l'aise. Il esquissa un sourire gêné à l'attention du propriétaire de la boutique avant de s'excuser du bout des lèvres.
Après avoir pris congé du vieil homme, il se dirigea d'un pas mal assuré vers la sortie. La boutique était vraiment exiguë et y laissé une fillette sans surveillance était vraiment risqué.
Ayant trouvé un jouet qui apparemment semblait l'intéresser, la petite fille accourut vers sa mère, se souciant peu du monde qui se trouvait sur son passage.
Déséquilibré par son élan, Yukimura heurta assez rudement le dos d'Atobe, se retenant de justesse à ce dernier.

Il s'accorda quelques seconde de répit avant de se risquer à ouvrir un oeil, craignant la réaction du capitaine de Hyotei. Se rendant brusquement compte de la situation, il s'écarta vivement de lui et se positionna à côté de la porte.

"Excuse-moi" dit-il précipitamment en inclinant la tête.

Pour une raison qu'il ignorait son coeur battait extrêmement vite contre sa poitrine et sa gorge lui paraissait asséché.
Il n'était quand même pas intimidé par son rival.
Fermant les yeux, il s'obligea au calme et releva la tête et croisa le regard d'Atobe.

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Celui-ci resta étrangement stoïque. Hésitant entre réagir trop vivement et pas assez, il choisit la dernière alternative : rien sinon suivre Yukimura d'un regard indescriptible - mélange de froideur et de contenance. Les mots que le capitaine de Hyotei voulait lâcher n'étaient en aucun cas approprié au lieu et à ce moment donné.

Après quelques secondes, il se décida enfin d'ouvrir la bouche pour adresser la parole à l'autre adolescent.

" Tu n'as cas qu'à réfléchir à une idée pour ton cadeau et reviens me voir. "

Il finirait par haïr le stage qu'on lui avait donné. Mais bon, il lui fallait cette "expérience" avait dit son père quand il avait été au courant de la chose. Lui-même ayant déjà travaillé de ses mains - chose que Keigo avait du mal à croire en voyant les mains parfaites de son père qui, depuis des années, ne servaient qu'à tenir un simple stylo d'or pour signer de la paperasse.

Seulement, l'idée de faire ces objets n'était pas si désagréable que ça en avait l'air. Le jeune maître espérait ainsi augmenter le nombre de ses ... "admirateurs". Simplement car, un jour, ceux-ci viendraient par centaine essayer d'acheter un de ces merveilleux trésors faits mains. Et oui, tout objet ayant été touché par les paumes du grand Atobe Keigo était comme béni. C'était évidement. La simple idée le faisait sourire.

En entendant les mots du prestigieux capitaine de Hyotei, Yukimura releva vivement la tête, clairement surpris.
De tout ce qu'il avait pu imaginer, cette réaction n'avait en aucun cas avait été envisagé.
Lui qui craignait de voir l'instant présent brisé, était à présent soulagé. Atobe était décidément plein de surprise et cette révélation lui arracha un tendre sourire.

Il marqua son consentement d'un signe de tête et lança un regard malicieux à son rival.

"A bientôt alors "

Il réajusta le col de son manteau et sortit de la boutique, le visage serein et le coeur léger. Il ne s'expliquait pas ses sentiments étranges, mais il savait qu'il efface rapidement ce doux sourire qu'il avait aux lèvres avant que Renji ne lui pose la moindre question.
Pour une raison étrange, Yukimura n'avait pas envie de partagé ce petit moment d'intimité qu'il venait de vivre avec Atobe.