Atobe x Yukimura - Douceurs de Noël

Atobe regarda Sanada s'avouer vaincu, enfin. Il s'enfuit fièrement de la salle, sa raquette en main, pour éviter de l'écouter tergiverses sur un de ses domaines de prédilection. Atobe sourit devant cette scène, fier d'avoir remporté un point sur leur tableau de rivalité - ça ne faisait jamais que 2-1 pour le vice-capitaine de Rikkai mais bon.

Maintenant content de faire partie d'une conversation, Keigo profita de son savoir pour le partager avecun Yukimura qui paraissait intéressé, à son plus grand bonheur. Il sembla réfléchir un moment et ses yeux s'illuminèrent d'une étincelle nouvelle. Atobe se mit alors à faire une liste des grands jazzmen qu'il conaissait et qui, d'après lui, méritaient d'être écoutés par tous, histoire de reconnaître leur talent. Au fil de la conversation, Atobe se surprit d'en savoir autant et cela ne fit qu'affirmer sa confiance en lui. Il avait fini par sortir un crayon et emprunter une feuille à Renji pour pouvoir inscrire certains grands noms intéressants qui pourraient rentenir leur attention. Il lista également certaines boutiques qu'il connaissait, plutôt fiables sur leurs stocks. Le châtain mit l'accent sur certains musiciens, prétextant qu'ils fallait un minimum les connaître pour pouvoir se prétexter amateur de Jazz, qu'on ne "pouvait passer à côté au risque de se retrouver avec une inculture dramaticalement pathétique".

" J'ai une réplique de chacun de leurs albums chez moi, je peux toujours les faire ramener pour faire une écoute, " Atobe était plongé dans son monde. " Ou l'on peut toujours faire une sélection. "

Il avait bien d'autres idées mais se les garda. Après tout, ce n'était pas pour lui et sinon, ce n'était pas pour quelqu'un qui méritait qu'il ait une telle attention.

Les yeux d'Atobe brillèrent d'un nouvel éclat, faisant s'étirer les lèvres de Yukimura en un tendre sourire.
Une nouvelle fois, il avait réussi à fendiller ce masque de froideur. Mais peut-être était-ce simplement dû à l'absence de Sanada ?
Quoiqu'il en soit le capitaine de Rikkai se sentit profondément stupide devant tant de savoir. Il arrivait à suivre la conversation grâce aux peu de notions de musiques qu'il connaissait, mais dès que cela devenait plus technique ou plus précis, il se sentait complètement perdu.
Il ne savait pas qu'il existait autant de courant musicaux, même s'il avait vu vent de certains d'entre eux, de plus il était incapable de leur attribuer, un compositeur, un musicien ou un chanteur, même s'il pouvait citer quelques noms.

Inconsciemment, Atobe venait de lui donner l'une des clés de l'univers de Niou, et il trouvait cela passionnant.
Tellement qu'il en avit oublié de terminer son bentô. Yanagi quant à lui avait repris le dossier de Niou et l'avait compléter de nouvelles données.

"Avant toute chose, il faut déjà que je me renseigne pour savoir quel est le courant préféré de Niou, ainsi que des CDs qu'il a déjà à sa disposition." conclut Renji.

Cette simple phrase fit descendre Yukimura de son petit nuage sur lequel Atobe l'avait emmené. Il en avait presque oublié que s'il faisait tout ça c'était pour Niou.
Il esquissa une petite moue ennuyée. Il aurait bien aimé écouter les différents albums et entendre Atobe lui enseigner pleins de choses.
Mais il ne voulait pas l'importuner plus que de nécessaire. Après tout, il n'était pas ami.

"Seiichi, finis ton bentô. Il est bientôt l'heure" le rappela à l'ordre Yanagi alors qu'il se lever pour ranger le dossier confidentiel.

"Hai" répondit le capitaine de Rikkai, sans plus de conviction.

Il ne voulait pas que le cours de musique se termine. Certes ce n'était pas un cours d'Histoire de l'Art, mais cela avait été tout aussi passionnant. Il lâcha un soupir de résignation.

"Une autre fois" répondit-il simplement à la proposition d'Atobe.

Une autre fois... mais quand ?

Yukimura s'apprêtait à finir son bentô lorsqu'il se souvint soudainement de l'onigiri que lui avait donné Shochiku.
Déposant ses baguettes, il plongea une de ses mains dans sa poche afin d'y extraire l'aliment malmené.
Il le porta à hauteur de ses yeux et l'examina sous toutes ses formes. Le voyage avait été éprouvant et il avait perdu son aspect d'origine.
Après inspection, il défit avec soin l'emballage et testa les nouvelles performances culinaire de son élève.
A peine eut-il avala la première bouffée qu'il grimaça, s'attirant par la même un petit rire moqueur de Renji.

"Qu'est-ce que c'est cette fois-ci ?"

"Le riz... L'est trop cuit... Encore" grimaça le capitaine de Rikkai.

"Apprends-lui à se servir d'un auto-cuiseur" conseilla Sanada qui venait de rentrer de sa rapide séance d'entraînement.

"S'il est aussi mauvais élève que toi... C'est peine perdu" le nargua Yukimura.

Sanada roula des yeux, puis rangea sa raquette et récupéra sa boîte à bentô. Renji se tenait également près à partir. Le capitaine de Rikkai releva les yeux vers Atobe qui visiblement taper un message.

"Partez devant, je fermerais derrière-moi." ordonna t-il.

Suite à cette affirmation, Renii confia les clés à son ami et quitta les vestiaires suivi de Sanada. Yukimura rangea sa boîte à bentô puis attendit qu'Atobe cesse ses activités.

Spoiler:

Celui-ci se réveilla quand il entendit les clés. Il se releva, repoussa la chaise contre la table et reprit ses affaires. Derrière lui, Yukimura ferma la porte du vestiaire et ils regagnèrent le lycée. Les cours allaient bientôt reprendre.

Atobe fut légèrement surpris de constater que Sanada et Renji n'avaient pas attendu leur capitaine. Ils les voyaient plus souvent proches et les voyait sans difficultés regagner le collège ensemble. Enfin bon, au fond, il s'en fichait éperdument. Sur le chemin, ils croisèrent d'autres élèves qui les regardèrent passer. Voyant qu'il faisait toujours autant impression, Atobe ne se sentit pas trop mal-à-l'aise de l'ambiance. Fier et droit, il assurait son pas, légèrement derrière Yukimura qui le menait jusqu'à la classe.

Arrivés en salle, une petite troupe d'élèves attaquèrent le King de Hyotei, l'assaillant de questions.

" Tu as joué ce midi ? As-tu disputé un match avec Yukimura-san ? Même si je ne doute pas de ta force, fais attention ! Notre capitaine est extrêment fort, " un petit sourire accompagnait les paroles.

" Tu risquerais de te casser certaines dents en voulant essayer de le battre. " ajoutait un autre.

Atobe sourit à son tour. Pourquoi donc pensaient-ils donc qu'il irait se jeter dans la gueule du loup si rapidement ? D'abord, il y avait Sanada à vaincre et à briser la fierté. Cette étape était la première de la semaine avant de passer à Yukimura. Et il ne niait pas la force de celui-ci. Le premier match ne serait surement pas fructueux mais il songeait bien y arriver, lui et sa splendeur.

Il regagnait sa place attribuée à l'arrivée du professeur de Phyique qui commença le cours en même temps que la sonnerie.

Spoiler:

Yukimura s'amusait doucement des regards qui se posaient sur eux alors qu'ils regagnaient tranquillement leur salle de classe.
Le charisme d'Atobe était indéniable et en impressionnait plus d'un. Les voir ainsi ensemble relevait de l'oxymore. Ils n'étaient pas vraiment assortis, il le savait, c'est pour cette raison que Yukimura ne pouvait s'empêcher de s'amuser de la situation. Rien que le fait qu'Atobe marche presque à ses côtés était inconcevable.

A peine eurent-ils franchis la salle de classe qu'un groupe d'élève se précipitaient à l'encontre d'Atobe.
Ce comportement accentua le sourire du capitaine de Rikkai, qui laissa avec plaisir ses groupies à Atobe tandis qu'il regagnait sa place.

Chihara, bras croisé et adossé à la fenêtre, regardait d'un air exaspéré la scène qui se déroulait sur ses yeux.

"Non mais regarde-le, ces idiots. Comme si en une demi-heure tu pouvais jouer contre Atobe puis aller manger. "

Yukimura sourit en s'asseyant et suivit son regard. Être le centre d'attention plaisait à Atobe, par ailleurs ce dernier semblait ravi de ce changement de situation.

"C'est le temps que vous mettez avec Sanada pour vous prendre le premier point. Atobe est du même niveau non ? Et puis tout le monde sait que seule les victoires officielles t'intéressent. Tss." continua la jeune fille.

"Laisse-les jaser. Ça amuse Atobe. Lui plus que quiconque sait à quel point ça ne sera pas facile." commenta Yukimura avec un brin de fierté.

Atobe ne le considérait peut-être pas comme une personne, mais il connaissait sa fierté et il savait qu'il l'estimait en tant que rival.
Yukimura avait bien conscience que c'était cet infime sentiment qui lui permettait de côtoyer le Capitaine de Hyotei.
Il n'osait imaginer quelle serait la situation si ce lien dérisoire venait à se briser. Mais il ne s'en inquiétait pas.
Peu importe combien de fois Atobe essayerait, il n'arriverait pas à le vaincre.

"Sei-i-chi" Minauda Chihara à ses côtés.

A l'entente de son prénom qu'usait rarement la jeune fille, il se tourna vers elle. Dans le mouvement, sa joue rencontra son index, ce qui fit rire la collégienne.

"Tu as les yeux qui brillent. A quoi tu pensais ?"

Suite à cette déclaration, Yukimura en fut légèrement surpris, mais bien vite une expression malicieuse pris place sur son visage.

"Au cours de physique. Je me demandais combien de temps tu allais tenir avant de commencer à gémir et me lancer tes habituels appels de détresse !"

"Nya ! Tu es méchant !" se plaignit la jeune fille avant de s'effondrer sur sa chaise, et de s'engouffrer le visage entre ses mains.

Yukimura laissa échapper une petit rire, qu'il dissimula quand leur professeur entra dans la classe et commença son cours.
Chihara se tourna vers lui, le visage boudeur et laissa tomber sur son bureau un petit mot dans lequel elle avait écrit : "Puisque c'est comme ça, je vais me débrouiller toute seule"

Le Capitaine de Rikkai sourit à la lecture, puis chiffonna le bout de papier. Voilà que le cours promettait d'être intéressant.

Spoiler:

Le silence fut demandé dans la classe, Atobe vit les élèves sortir leurs affaires, livres et cahier. N'ayant rien de plus qu'un stylo et des feuilles, sa voisine de droite accepta avec un immense plaisir de lui prêter son livre encore une fois. Leurs tables furent rapprochées et Atobe suivit le cours avec attention.

Son visage se crispa quand il aperçut le titre de la séquence. Rikkai l'avait déjà bien entamée... l'électricité. C'était peut-être la seule chose dans laquelle Atobe éprouvait une légère difficulté. Non pas que ça soit trop dur, mais certaines choses lui échappaient littéralement malgré le fait qu'il réussisse tout de même à faire les exercices. Il fallait dire que l'alternativité du courant, le déplacement des électrons à contre sens... Bon pourquoi pas mais tout de même. Il ne se posait pas plus de questions que ça, acceptait bêtement toutes les formules pour calculer la tension, l'intensité et la résistance d'un dipôle et les ressortait machinalement sur ses feuilles de copies.

Sa voisine se prit soudainement la tête dans ses mains, Atobe le remarqua mais ne dit rien sur le moment. Il regarda un peu la classe et s'aperçut que Yukimura ne bronchait rien. Par contre, sa voisine de devant... il voyait ses jambes se trémousser, comme se battant contre une envie de se retourner. Son stylo perdait petit à petit de sa résistance sous les coups de dents répétés. Cela l'amusa.

Le professeur donna un exercice à faire jusqu'à la sonnerie. Donnant le top départ, les crayons de papier se firent sortir des trousses et les pages des cahiers de leçon tournées pour retrouver la formule utile parmi le glossaire qu'ils avaient à disposition. Dix minutes passèrent dans un silence d'or.

Alors qu'Atobe inscrivait un résultat tout juste trouvé, sa manche fut légèrement tirée.

"A-Atobe-kun ?" fit une petite voix basse timide. " Tu peux m'aider ? C'est quoi la tension sinusoïdales ? Et c'est quel bouton pour faire ça ? " demanda-t-elle en montrant du doigt le schéma de l'oscilloscope.

Atobe se pencha vers son schéma vierge - le sien étant déjà tout annoté - et il s'aperçut du coin de l'oeil qu'elle lui lançait des petits yeux implorants et inquiets de l'importuner.

Atobe relit sa feuille rapidement, pour se remémorer la question initiale. On demandait ce qu'était la bonne courbe sinusoïdale parmi les trois graphiques et comment pouvait-on l'obtenir sur la machine. A voix basse, pour éviter que le professeur ne leur demande de se taire, Atobe expliqua rapidement et simplement à la jeune fille les indices qui lui permettraient de trouver la bonne réponse :

"La sinusoïdale, elle fait quelque chose comme ça," Atobe prit un stylo et traça un zig-zag sur la feuille de sa voisine. "Comme une alternative en fait. Et pour l'oscilloscope... "

La jeune fille acquiesça quand il demanda s'il pouvait emprunter le livre et il parcourut les chapitres rapidement pour retomber sur les explications. Quand il les trouva, il les lui tendit en rajoutant quelques mots sur ce que racontaient les textes. Elle le remercia et retourna à son exercice pour s'y exclamer cinq minutes plus tard " Résolu ! ". Fière d'elle, elle tira de nouveau sur la manche d'Atobe qui commençait à refaire certains caractères de sa feuille et elle lui lança un grand sourire.

" Je comprend jamais rien normalement, merci beaucoup. "

Ce fut au tour du capitaine de Hyotei de se sentir satisfait.

Reprenant son cours sur l'Electricité, leur professeur leur expliqua en détails les différences entre les diverses tensions que Yukimura prenait grand soin de noter.
De temps à autre, il jetait une oeillade inquiète à sa camarade, mais à aucun moment celle-ci manifesta une quelconque angoisse.
Machinalement ses lèvres s'étirèrent en un sourire amusé. Chihara était vraiment têtue. Mais son comportement changea du tout au tout quand une série d'exercice fût donnée. Delà où il se trouvait, Yukimura pouvait sentir toute la tension qui émanait d'elle et se retint de rire.
La difficulté des exercices variait selon le degré de compréhension de chacun et Yukimura ne doutait pas des difficultés que devaient rencontrés son amie. Lui même peinait à finir le dernier exercice, bien plus complexe que les précédents.
Malgré lui, il ne pouvait s'empêcher d'admirer la ténacité dont faisait preuve la jeune fille, même s'il savait pertinemment qu'une fois le cours terminé, celle-ci ne manquerait pas de pestiférer.
Et ce qui devait arriver, arriva.
La sonnerie à peine retentie, Chihara se leva pour rassembler ses affaires, puis se tourna vers Yukimura :

"Ne me refais plus jamais ça !" lança-t-elle furieuse. "J'ai cru mourir"

Malgré les yeux grands yeux noirs qui le menaçait, le capitaine de Rikkai ne put contenir son hilarité et éclata de rire.

"Tu es trop prévisible" confia-t-il après quelques minutes. Il sortit quelques feuilles de son trieur et les lui tendit. "Tiens. Avec ça, je suis sûr que tu auras la moyenne au prochain contrôle" ajouta-t-il en se levant pour rejoindre Atobe.

S'approchant de sa table, il remarqua que le capitaine de Hyotei discutait avec sa voisine de classe. Il en fut légèrement surpris. Il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'Atobe fasse preuve de civisme. Du moins pas le premier jour.
Yukimura se doutait bien que l'apparente froideur de son rival caché en réalité une profonde gentilesse qu'il ne savait pas exprimer. Lors de ses précédentes rencontres, il l'avait plusieurs fois observé, mais cela restait tellement rare qu'il pensait l'avoir rêvé. Atobe prenait toujours un malin plaisir à briser ces moments, comme s'il venait soudainement de se rendre compte qu'il avait laisser tomber les masques, laissant ainsi une brèche par laquelle l'ennemi pourrait facilement l'attaquer.
Ce que ne manqua pas de faire Yukimura pour le taquiner.

"Monsieur fait la cour ?" demanda-t-il amusé.

Il se délecta des petites rougeurs qui naquirent sur les joues de Nakijima. Du bout des lèvres, elle remercia une nouvelle fois Atobe pour l'aide qu'il lui avait apporté et quitta rapidement la salle.
Yukimura n'était décidément pas au bout de ses surprises. Au moins avait-il maintenant une explication logique quand à la soudaine sociabilité d'Atobe, ce qui confirmer ses premières impressions.
Il n'empêche, pourquoi devait-il toujours se montrer désagérable sur la fin ?

Il regarda sa voisine rejoindre ses amies puis se tourna vers Yukimura. C'était comme s'il avait gêné la jeune fille dans une tentative de drague ou dieu ne savait quoi, puisqu'elle avait fuit discrètement.

" Ce n'est pas plutôt toi, à sourire bêtement pour ta camarade de classe ? " rétorqua Atobe en jetant un coup d'oeil à la table à présent vide de la dite-jeune fille.

L'air de rien, le King avait très bien vu le manège s'effectuer entre les deux. Bien qu'il s'en fichait éperdument, il soupçonnait une relation ambigüe entre les deux jeunes gens. Bon, si ses doutes se confirmaient, il n'en avait rien à faire. Il ne connaissait pas si bien que ça Yukimura et le savoir en couple ne l'intéressait pas tant que son niveau de tennis. Oui, vraiment, seulement ça. Alors pourquoi cela l'embêtait légèrement ? Il se sentait comme sans l'envie de sourire. Peut-être que c'était parce que si Yukimura s'occupait à autre chose qu'à ses entraînements, il perdrait de niveau. Et alors l'affronter perdrait de sa valeur, ça ne servirait plus à rien.

" C'est quoi le cours suivant ? " changea de sujet Atobe en crispant le visage.

Devoir être assisté comme ça par quelqu'un d'autre que Kabaji - et encore, dans ces cas là, il connaissait encore où il devait aller. Munehiro ne lui servait qu'à porter ses affaires et... à l'accompagner; ne pas pouvoir se repérer seul dans un lieu et devoir demander à chaque fois son chemin lui était désagréable. Tellement qu'il se sentait handicapé.

"Musique si mes souvenirs sont exacts. Mais où est la salle ? "

Il ne pouvait vraiment que se fier à Yukimura et compter sur lui pour se rendre de salle en salle. Mis à part quelques têtes, il ne se souvenait pas de tout le monde dans la classe.

Atobe regarda sa montre, il était encore tôt mais la journée était bientôt finie. Il restait donc le cours de musique, si c'était bien ça, puis la réunion et ensuite, Atobe pourrait enfin passer plus d'une heure sur un terrain de tennis à frapper une balle. Il espérait pouvoir faire de bons matchs et pourquoi pas affronter Sanada. En y pensant, une lumière éclaira le fond de ses yeux. Un peu de distraction comme celle-ci, un peu de plaisir intense de faire mettre à son rival un genou à terre... il avait hâte.

Abasourdi par la réponse que lui donna son interlocuteur, Yukimura cligna des yeux plusieurs fois, tentant d'assimiler les dires d'Atobe, sans succès. Il ne voyait pas où voulait en venir le capitaine de Hyotei jusqu'à ce, suivant son regard, ses yeux ne se posent sur la place déserte de Chihara.
Comprenant soudaiment l'allusion, ses joues prirent une jolie teinte carmine, tandis qu'il s'exclamait :

"Ne te fais pas trop d'illusions, il n'y a rien entre Chihara et moi"

Son ton était plus sec qu'il ne l'aurait pensé. Contrairement à ce qu'on aurait pu pensé, il n'était pas en colère, mais les insinuations d'Atobe le dérangeaient. Il n'appréciait guère que son rival se permette ce genre de remarque déplacée et il lui faisait comprendre.
Certes la relation qu'il entretenait avec Chihara était privilégiée, tout comme celle qu'il entretenait avec Sanada ou Renji, et même tous les membres de son équipe. Les récents événements les avaient profondément marqué, renforçant leur lien, aussi jamais il ne permettrait que l'on remettre en cause leur amitié.
Vraiment, il ne voyait pas quel interêt pouvait en tirer Atobe. Ce qui au départ devait être au simple plaisanterie avait perdu toute sa saveur...
A moins que...

"A moins que tu ne sois jaloux ?" ajouta Yukimura avec une nouvelle assurance. Ses yeux brillaient d'une lueur nouvelle, pleine de défi.

Pas le moins du monde perturbé par l'ambiance environnante, Shochiku mit fin au contact visuel en passant un bras autour du cou de Yukimura, le surprenant. Il pensait qu'il avait déjà quitter la classe.

"Yukimura-kun" chantonna-t-il "Tu t'amuses encore à faire rager Asa-chan ?"

A cette pensée, Yukimura retrouva sa bonne humeur.

"Petit plaisir personnel" répondit-il en souriant.

"J'avoue que c'est tentant. Comment était mon Onigiri ?"

"Sanada m'a conseillé de t'apprendre à te servir d'un auto-cuiseur..."

A ses mots, Shochiku s'effondra sur l'épaule de son camarade faisait mine de pleurer.

"Je suis un cas désespéré... Elle voudra jamais de moi."

"Je confirme" nargua Yukimura

"C'est facile pour toi de dire ça. On t'interdit pas de mettre les pieds dans ta cuisne" geignit le joueur de baseball.

"Et ça se comprend. Non mais sérieusement, pourquoi tu ne lui dis tout simplement pas la vérité ?"

"Une promesse est une promesse. Et je n'ai pas envie de la décevoir."

Le sourire amusé qu'avait jusque là Yukimura se mua à en un sourire attendri. Il était évident que Shoshiku aimait Chihara d'un amour sincère, même s'il n'avait pas choisi la personne la plus facile à apprivoiser. Elle avait quand même un mauvais caractère.

"Demande lui de t'apprendre alors. Je suis sur que ça lui ferait plaisir."

"Mouais"

"En attendant que tu retrouves ton enthousiaste, je te rappelle qu'on a cours de Musique, et si je ne m'abuse, tu n'as plus le droit au moindre retard !"

A peine Yukimura eut-il prononcé ses mots que le visage de Shoshiku se décomposa avant qu'il ne se précipite en dehors de la salle de classe.

"On court pas dans les couloirs !" prévint Yukimura en riant, mais il savait que son camarade ne l'avait pas entendu.
Son attention fut de nouveau reporté sur son rival qu'il avait jusqu'alors pris grand soin d'ignorer.

"La salle de musique se trouve au rez-de-chaussée, à côté des bâtiments des langues. On y va ?"

La réponse donnée à sa petite pique ne surprit pas le capitaine de Hyotei. C'était même limite si ça ne lui faisait pas plaisir. Voilà longtemps qu'il n'avait pu... "chamailler" avec quelqu'un. L'absence d'Oshitari le laissait un peu froid, il avait manqué de divertissement. C'est pourquoi la langue claquante de Yukimura en lui répondant lui tira un sourire. Les yeux de son rival le confortèrent dans son idée. Plus ou moins, il avait réussi à attirer le jeune homme dans son jeu si souvent entreprit avec le Tensai de son équipe. Il n'y avait pas à dire, cela lui avait quand même un peu manqué.

" Jaloux ? En quoi devrais-je être jaloux d'une aventure comme celle-ci alors que j'ai plus de choix ? "

Il savait que sa réplique n'allait pas vraiment plaire à son vis-à-vis, car elle mettait en évidence le fan club qu'il avait, et il connaissait plus ou moins l'avis de ce genre de chose de son hôte. Enfin, sinon se doutait-il bien qu'il s'en fichait éperdument. Aussi cette réponse n'avait pas vraiment lieu d'être avec Yukimura et donc clôturait ainsi le sujet.

Par ailleurs, la venue d'un nouvel opportun ne manqua pas d'appuyer cette pensée. Lui et son rival parlèrent, Atobe écouta d'une oreille plus ou moins attentive. Il n'avait plus part dans la conversation maintenant, il s'en fichait.

Il regarda la classe, alors que son ouïe captait par bribes la conversation qui avait lieu à ses côtés. Asa-chan... parlaient-ils de la voisine ? Ainsi Atobe en apprit un peu plus sur la classe. De même, les deux jeunes gens parlèrent de la boulette de riz que l'un des deux avait mangé vers le repas. C'était donc ça. Yukimura servait de cobaye quant aux tentatives non fructueuses de repas de l'autre. Et vu le résultat plus que désastreux, le capitaine de Hyotei se fit son idée là dessus : autant prendre un cuisiner et ou sinon, payer un repas dans un restau. Il ne voyait pas pourquoi ces prolétaires se prenaient la tête alors que des restaurants et magasins étaient là pour les remplacer dans ces moments. Il ne niait pas que des fois, il fût mieux de faire les choses par soi-même mais il fallait également de temps en temps se rendre compte de l'évidence même de notre incapacité à faire les choses. C'était comme ça, il fallait accepter que l'on soit moins bon que d'autres. La question ne se posait pas pour lui, il avait toujours été meilleur que "ces autres". Atobe avait toujours été au-dessus, à cause des études extrascolaires qu'il se coltinait à côté des cours normaux. Tiens, en y pensant, il aurait une semaine de retard là dedans.

Yukimura le fit sortir de ses pensées, Atobe décolla alors son menton de sa main et tourna ses yeux bleus vers son visage. Puis il attrapa ses affaires et suivit l'autre capitaine jusqu'au prochain cours.

La réponse que lui donna Atobe le laissa de marbre. Jaloux ou pas, cela l'indifférait. D'autant plus que, comme il l'avait si bien dit, il n'avait aucune raison. L'espace d'un instant Yukimura se demanda comment il aurait réagit si le capitaine de Hyotei avait répondu favorablement à sa demande mais il n'eut pas le loisir de pousser plus au loin ses interrogations, qui tombèrent dans l'oubli aussitôt sa conversation avec Shoshiku terminée.
Yukimura attendit qu'Atobe soit prêt pour le guider jusqu'en salle de musique, dans le silence. En temps normal il aurait certainement fait la conversation, mais quand il s'agissait d'Atobe, il ne se reconnaissait plus. Le capitaine de Hyotei par son apparente froideur le déstabilisait. Et il détestait cela. Ce sentiment que quoi qu'il dise ou quoiqu'il fasse, Atobe resterait dans une indifférence glaciale. Alors à quoi bon faire des efforts ?
Et puis sa rancune précédente n'était toujours pas passée. Par cette simple phrase, d'apparence anodine, Atobe avait fait remonter en lui une multitude de souvenirs qu'il aurait préféré oublier. Enfin, le cours de musique dissiperait sans doute toutes ses mauvaises pensées.
D'ailleurs, à peine avait-il mis un pied dans la classe qu'il se sentait déjà mieux. L'atmosphère résonnait déjà d'une douce cacophonie provoquée par les divers instruments que la professeur fit taire d'un claquement de mains.
Yukimura repéra dans un coin de la pièce, un Shoshiku essoufflé qui lui lançait un regard noir, lui laissant échapper un petit rire amusé.
Alors que leur enseignante expliquait le programme du jour, ce dernier murmura au creux de son oreille.

"Ca, c'était vraiment pas fair-play"

"Toutes les raisons sont bonnes quand il s'agit de s'entraîner" rétorqua-t-il moqueur.

Mais son regard fut soudainement accaparé par Atobe qui se dirigeait vers le piano. La salle de classe était désormais plonger dans le silence le plus total, et le capitaine de l'équipe de Tennis s'en voulait d'avoir perdu les dernières minutes en une conversation certes amusante, mais futile. Pourquoi donc Atobe s'installait-il au piano ?
Inconsciemment, le coeur de Yukimura se mit à battre plus vite et il ne sut dire si c'était une bonne chose ou pas.

Le capitaine de Hyotei suivit celui de Rikkai dans les couloirs, prenant note du chemin emprunté histoire que la prochaine fois, il n'ait pas l'utilité de recourir à son hôte. Si cours il y avait encore.

Quand il pénétra dans la pièce, il eut un agréable sentiment. La musique dégagée par les instruments environnants, la voix des élèves faisant l'éloge de telle ou telle mélodie. Cela lui rappela un peu Hyotei, pendant leurs propres cours de musique.

Instinctivement, ses yeux cherchèrent le piano, qu'il rencontra, légèrement en retrait.

" Tu es le nouvel élève de la semaine ? " demanda une voix féminine.

Keigo ne détachait pas son regard de l'instrument avant de s'apercevoir que c'était à lui que l'on s'adressait. Il cligna alors des yeux et les baissa vers une charmante jeune dame qui dégageait une prestance autoritaire. Atobe la sentit comme connaisseuse des différents arts musicaux. Peut-être avait-elle ainsi donc l'intérêt nécessaire pour que le jeune homme ne s'ennuyât pas de son cours.

" C'est effectivement moi, Atobe Keigo du collège de Hyotei. " se présenta-t-il avec un bon sourire.

" J'ignore pas ton talent, mon garçon. Voudrais-tu nous jouer de quelque chose ? Il me semble que tu joues du piano non ? Tu pourrais m'aider pour le cours ? Installe-toi et échauffe toi au besoin. "

Comme si cette phrase avait été un déclencheur, les yeux du King se mirent à briller. Son sourire s'élargit, content de pouvoir toucher l'organe musical qui siégeait de sa place près de la fenêtre insonorisée à quelques trois pas de lui.

" Volontiers, " accorda-t-il. " Je vais vous montrer mon talent inné au piano. "

Sitôt dit, il se déplaçât vers l'instrument. Il caressa le vernis du piano du bout des doigts. Ce piano était vraiment beau, même il lui semblait voir quelques impacts du temps sur le bois. Il devait être accordé, c'était déjà une chose.

Atobe s'assit sur la chaise, le silence se fit dans la salle pendant que la professeur expliqua ce qu'il faisait : " Aujourd'hui, ayant Atobe Keigo-kun dans l'école, il va me remplacer dans l'accompagnement. "

Le jeune homme fit parcourir ses doigts sur le clavier, pour s'assurer de l'accordage et prendre ses plis avec les touches plutôt rigides du clavier.

" Atobe-kun, " reprit-elle en se tournant vers l'interpellé.

Puis elle enchaîna sur les morceaux qu'elle jouait habituellement à la classe. Atobe l'écoutait avec attention, se remémorant les morceaux annoncés. Il savait les jouer, n'étaient pas compliqués après tout. L'heure devrait passer sans encombres. Enfin, elle revint vers ses élèves puis leur parla, laissant Atobe à s'entraîner. Appuyant sur la pédale douce du piano, il fit un petit échauffement de ses doigts, pour les réchauffer de la minime activité de l'écriture qu'il avait eut tantôt. Commençant par un simple accord majeur, il fit défiler ses doigts sur les touches pour harmoniser les notes. Il prit ses marques petit à petit, très vite, il s'enferma dans la musique qu'il faisait, étouffée par la pédale active.

" Atobe-kun, " appela de nouveau la femme. " On peut commencer. "

Et Atobe se fit craquer les doigts et commença, la professeur à ses côtés.

Hypnotisés, les yeux de Yukimura ne pouvaient se soustraire de la scène qui se jouait devant eux. La grâce et la légèreté avec laquelle Atobe faisait vivre l'instrument le fascinait. C'était comme si le piano avait été créé spécialement pour qu'il puisse en jouer. Les notes résonnaient avec une telle magnificence que Yukimura sentait son esprit s'envoler au gré de la mélodie. Sous le délicat toucher, la salle de classe semblait soudainement faîte de douceur et de volupté, comme transformée par la passion d'Atobe.
Ce n'était pourtant que de simples échauffements que l'enseignante écoutait d'une oreille distraite, donnant ses indications à ses élèves.
Yukimura ne pouvait détacher son regard des mains d'Atobe, jouant habilement avec les touches du piano. L'air qui se jouait à ce moment là, le rendit soudainement nostalgique, lui remémorant leurs multiples rencontres volées au temps. Comme il l'avait pensé, ses mains n'étaient vraiment pas faîtes pour une chose aussi rustique que la menuiserie et sa gorge se noua en repensant aux multiples blessures que son stage avait occasionnées.
Certes, Atobe avait réussi à créer des objets à son image, à la fois fin et raffiné, mais Yukimura ne pouvait s'empêcher de croire que le piano était l'une des rares choses qui lui sciait le mieux, avec le tennis.
La noblesse naturelle d'Atobe ne faisait qu'un avec l'instrument. Ses doigts caressaient avec une infime douceur l'ivoire du clavier, avec, ce qui semblait à Yukimura, la même délicatesse que si cela avait été une femme, le confortant ainsi dans son idée qu'il devait être agréable d'être aimé par un tel homme.
Le coeur d'Atobe était à l'image de ce piano. Une fois que l'on y avait trouvé les bons accords, on pouvait en tirer le meilleur de lui-même et jouer la plus belle des mélodies, pour peu qu'on l'en comprenne le mécanisme.

Une fausse note résonna inopinément dans les accords si parfaits le tirant de sa rêverie. Ce n'est qu'à ce moment là qu'il se rendit compte que le cours avait commencé depuis longtemps et que son enseignante tentait désespérément d'attirer son attention.

"Pourrais-je savoir ce qui vous passionne à ce point pour que vous ne daignez suivre mon cours ?" demanda-t-elle un brin amusée.

Honteux de s'être laissé surprendre, Yukimura rougit et baissa les yeux. A côté de lui, les gloussements de Chihara parvinrent à ses oreilles. Depuis quand était-elle là ?

"Excusez-moi" balbutia-t-il faiblement. Mais cela sembla satisfaire la professeur, qui réclamant une nouvelle fois l'attention de ses élèves, reprit là où elle avait laissé son cours

Yukimura poussa un léger soupir, soulagé qu'elle n'insiste pas davantage sur les raisons de son 'absence'. Il se souvint avec amertume de la dernière fois où il avait été inattentif à son cours et où, inquiète pour son état de santé, l'avait envoyé à l'infirmerie sans qu'il n'ait eu le temps de s'expliquer.
Près de lui Chihara lui adressa un petit sourire compatissant, devinant sans peine ses angoisses, et entreprit de lui expliquer ce qu'il avait manqué.

On avait disposé sur le porte partition les feuilles correspondant à la musique qui allait se faire pendant le cours. La professeur lui avait expliqué rapidement les intonations qu'elle prenait lorsqu'elle jouait, et expliqua au capitaine de Hyotei que tout était reporté sur les partitions. Atobe eut le temps de finir d'en prendre connaissance quand elle lui demanda de commencer doucement à jouer. Alors Atobe fit résonner le premier do du morceau et enchaîna avec le premier accord sur lequel les élèves prirent la voix. Le jeune homme apprécia le son, il en ferma les yeux un moment en ayant un petit sourire aux lèvres. Il tentait, de son ouïe parfaite, de reconnaître les différentes voix. Malgré tout, certaines lui restaient totalement inaudibles. Il savait qu'il y avait une trentaine d'élèves dans la classe mais ne les entendait pas tous. Plutôt, l'absence d'une voix se faisait ressentir lors du second passage. Atobe rouvrit les yeux et se re-concentra sur les différentes croches des mesures suivantes.

Il sentit la professeur arriver vers lui, faisant un signe de la main qui lui demandait de bien vouloir s'arrêter. Atobe appuya la pédale douce et le son baissa. Il se tourna vers la classe pour voir quelle en était la raison. En voyant l'enseignante s'arrêter à la table de Yukimura et ce qui s'en suivit, Atobe ne put s'empêcher de sourire. Même le capitaine de Rikkai arrivait à être ébloui par sa prouesse musicale. Il croisa rapidement Nakijima du regard. Celle-ci lui donna un sourire et rougit délicatement avant de se pencher vers sa feuille de chant.

" Bien, reprenons. Atobe-kun, je te prie : Quatrième mesure. "

L'interpellé revint alors face au piano et recommença à jouer.

La fin du cours se prépara à sonner, les élèves rangèrent leurs affaires et Fubuki-sensei donna les indications à chacun sur leur façon de chanter. Une fois fait, elle annonça à tous d'attendre la sonnerie et alla vers Atobe.

" Tu connais vraiment bien ce morceau, " le félicita-t-elle. " Tu fais du piano dans ton collège ou bien as-tu des cours particulier ? "

Atobe referma le piano en remettant le battant sur les touches et croisa ses doigts en s'y appuyant les coudes.

" Je ne me rabaisserais pas à suivre simplement les modestes cours de mon établissement. Ma famille a honoré un musicien de grande renommée à venir me donner quelques cours particulier chez moi. C'est un excellent professeur, peut-être le meilleur que l'on puisse trouver à des milliers de kilomètres à la ronde. " répondit-il tranquillement.

" Je vois, " se contenta de répondre la femme. " C'est comme ça. Et donc, quels morceaux as-tu appris ? "

Le King se mit à énumérer quelques grands noms de la musique classique, comme il en avait fait de même pour Yukimura avec les différents jazzmen. Il fallait ainsi comprendre que ce domaine musical lui était très apprécié. Petit à petit, faisant découvrir son savoir un peu trop immense peut-être - on ne change pas un Atobe Keigo si facilement quand il s’agit de se vanter de ses propres capacités exagérément hors normes mais pourtant totalement réalistes -, Fubuki-sensei agrandissait son sourire.

" Peux-tu me jouer quelques ex- " la sonnerie de la fin de cours retentit et la coupa dans sa phrase. " Bon, une prochaine fois alors, " se coupa-t-elle elle-même.

Atobe ne répondit pas, se contentant de se lever et de rejoindre la sortie.

" A la prochaine les enfants. "

Le capitaine de Hyotei sortit vers les derniers de la classe. Il regarda rapidement autour de lui, il entendait les autres parler du cours et quelques-uns converser soit de son talent inné au piano, soit de l'étrange absence de Yukimura pendant le cours. Tiens, en parlant de ce dernier, Atobe le remarqua sur le côté, à l’attendre. Il n’était pas seul, Chihara était à ses côtés, parlant de bon cœur avec lui. Il était encore à jacqueter avec sa fan-girl, commenta intérieurement Atobe. Normalement, on ne conversait pas avec ce genre de fille, non ? Tout du moins, le King avait pris l’habitude d’entendre en agréable bruit de fond leurs piaillements mais surtout de ne pas leur parler plus que nécessaire. La relation entre eux deux était donc louche aux yeux du capitaine adoré de Hyotei. Toujours est-il que quand il les eut rejoint, la jeune fille se tût et se tourna vers son autre camarade de classe qu’il n’avait – remarqua-t-il un peu trop tard - pas aperçue : Nakijima. Timidement, celle-ci s’avança vers lui, il y eut un temps avant qu’un son ne s’échappe de sa bouche légèrement entrouverte.

" Tu as bien joué Atobe-kun… "

Son menton calé négligemment dans la paume de sa main, Yukimura regardait d'un air absent son professeur de musique discuter avec le nouvel élève. La fin du cours était proche. Il n'attendait plus que la sonnerie salvatrice pour quitter la classe. Le regard inquisiteur que lui lançaient Chihara l'agaçait. Il ne le connaissait que trop bien sa signification et n'avait nullement envie d'avoir à se justifier auprès de la jeune fille. Il n'avait pas envie de s'entendre dire que son comportement avait changé depuis quelques temps, que sa concentration n'était plus ce qu'elle était et tout cela par la faute d'Atobe. Il voulait garder leurs moments passés ensemble secrets. Après tout, ce qu'ils faisaient ensemble ne regardaient qu'eux et il ne tenait pas à ce que des étrangers à la situation s'y insinuent, tout comme il ne tolérait pas qu'Atobe critique ses relations.
Dans quelle situation s'était-il encore fourré ?
Yukimura soupira. Tout ce qu'il voulait présentement c'était jouer au tennis. Se concentrer sur un match et ne penser à rien d'autre que sur le jeu en cours, mais il doutait que Yanagi le laisse faire. Lui-même ne voulait pas contredire les ordres du médecin, mais se cantonner aux exercices préliminaires l'exaspérait. Il n'était plus un premier année. Son niveau équivalait déjà celui des joueurs nationaux et cela lui était d'autant plus pénible de suivre l'entraînement spécial que lui avait préparé son meilleur ami afin qu'il retrouve au plus vite ses réflexes.
Si sa santé n'avait pas été celle qu'il avait eue, sans doute aurait-il gagné les Nationales une troisième fois consécutive. S'il n'avait pas été si fragile, il aurait pu tenir la promesse faîte à ses joueurs, mais ils avaient perdu et leur espoir avait été dissipé.
Une main apaisante vient soudainement se poser sur la sienne, et dénoua un à un ses doigts crispés. Tout à sa frustration, il n'avait pas eu conscience que le seul moyen qu'il avait eu de la contenir avait été de serrer son poing.
Il eut à peine le temps de lui lancer un regard reconnaissant que la sonnerie retentissait. Avec nonchalance, il quitta sa place suivant sa camarade de classe. Déjà les commentaires allaient bon train, entre la performance musicale d'Atobe, et sa rêverie impromptue, personne ne savait où donner de la tête. Forte heureusement pour lui, aucun de ses compagnons de classe n'osa lui demander les raisons de sa soudaine absence qu'il aurait été, de toute façon, incapable de fournir.
Un sourire rayonnant éclaira le visage de Chihara quand elle aperçut Nakijima, avant de se précipiter vers elle et de la ramener à leur côté. En tant que déléguée de classe, elle était curieuse de savoir ce que la voisine de classe du nouvel arrivant avait pensé de ce dernier. Au vu des rougeurs qui colorèrent ses joues, les sentiments de Nakijima furent exposés au grand jour, amusant ses deux camarades de classe.
Yukimura écouta d'une oreille distraite Chihara taquiner son amie. Pour une obscure raison, il se sentait mal à l'aise. D'ordinaire, ce genre de situation l'intéressait. Il trouvait toujours de quoi se distraire mais aujourd'hui, il ne s'en sentait pas d'humeur. Il n'avait pas besoin de ce genre d'informations pour savoir ce que l'école pensait d'Atobe. Les rumeurs et autres bruits sur le sujet qui courraient bientôt dans tous les bâtiments le renseigneraient davantage et la mine sombre qu'il affichait en ce moment même n'avait rien à voir avec tout cela. Il s'inquiétait seulement pour Nakijima. Après tout, il connaissait Atobe mieux qu'elle, il était donc mieux placé pour la conseiller, mais quand il vit ses yeux s'illuminer à la vue d'Atobe, il renonça. Le moment était mal choisi pour ces choses là, d'autant plus que Chihara semblait prendre le parti de son amie en couvrant à son tour Atobe d'éloges.
Le capitaine de Rikkai roula des yeux, et laissa derrière lui, le soin à Atobe de s'occuper de ses deux groupies. Il arriva le premier à leur salle de classe où les attendait leur professeur principal. Lorsque tout le monde eut rejoint sa place, M. Kimataka résuma la journée avant de laisser la parole aux délégués.
Chihara quitta alors son bureau pour se mettre au premier rang et ainsi avoir en face d'elle l'ensemble de la classe.

"Kimataka-sensei a parfaitement résumé la journée, en insistant bien sur le moment phare de la semaine, à savoir l'arrivée d'Atobe Keigo qui ne restera qu'une semaine dans notre établissement. Aussi, j'aimerai remercier toute la classe pour son chaleureux accueil en l'incitant à continuer pour le reste de la semaine. Comme vous le savez certainement Atobe-kun est capitaine du club de tennis de Hyotei Gakuen et il est ici dans le cadre d'un échange entre les différents clubs de tennis du Kantou, aussi je vous demanderai d'éviter toutes remarques déplaisantes sur le sujet. Je n'ai personnellement pas envie de vous entendre débattre toute la semaine sur qui est le meilleur joueur de tennis, et je pense que Yukimura-kun et Atobe-kun sont d'une même avis. Si vous souhaitez le faire, je souhaiterai que cela soit en dehors de la salle de classe, il y aura suffisamment de bruit qui courront dans les couloirs à ce sujet pour que l'on se permette de les importuner en cours."

Elle marqua un long silence durant lequel elle regarda chacun de ses camarades de classe, attendant d'être désapprouvée. Croisant le regard de Yukimura qui la soutenait, elle reprit :

"Par ailleurs, j'aimerai éviter que notre classe soit à l'origine des rumeurs les concernant. Pour conclure sur ce point, je vais maintenant laisser la parole à Atobe-kun. As-tu des remarques à faire sur l'ensemble de la journée ou de ce que je viens de dire ?"

Chihara passa d’un coup devant sa camarade de classe, la surprenant ainsi que le King. Un grand sourire aux lèvres, elle tira discrètement sur la manche de Nakijima :

" C’est vrai ! Elle a raison ! Tu joues comme un pro ! " ajoutait-elle à ses paroles. " Toute la classe a été bluffée. Comment ça se fait que tu joues aussi bien, Atobe-kun ? "

Celui-ci se sentit envahi par un tas de questions impromptues. Plus ça allait, et plus cette jeune fille jouait les fans-girls et plus il ne savait comment gérer l’affaire. Cette situation le surprenait sur l’instant. Il n’avait pas prévu que son jeu au piano ait une telle influence sur les autres. Il n’en attendait pas moins, certes, mais pas non plus autant. Le capitaine de Hyotei se sentit fier de lui-même. En entendant la jeune fille parler, d’autres virent s’ajouter au groupe, lui posant le même genre de question. Enfin, le capitaine de Hyotei se sentit comme chez lui. Et un sentiment d’apaisement l’envahi. Un jour, il les aurait tous. Si une simple performance musicale arrivait à rameuter quelques élèves, il se demandait ce que ça serait s’ils le voyaient dans tout ce dont il excellait. C’était à dire, encore tout.

" J’ai juste le talent, " s’expliqua-t-il simplement.

Jetant une œillade à Yukimura, qu’il n’avait pas entendu depuis un moment et dont il arrivait à oublier la présence à cause des deux jeunes filles et de ses nouveaux admirateurs, Atobe s’aperçut que celui-ci avait commencé à s’en aller.

" Ah, " nota Chihara, coupant court à toutes autres réflexions. " Yukimura part sans nous ! "

Elle tira Nakijima toujours par la manche et prit le bras d’Atobe d’un coup, sans que celui-ci n’ait le temps de protester. Vraiment, soupira-t-il intérieurement, il ne savait pas qu’il faisait autant d’effet dévastateur. Cette réaction d’admiration excessive chez la jeune fille montrait bien qu’Atobe arrivait à toucher n’importe qui, même dans un autre bahut que le sien. Un sourire prit place sur son visage, sourire qu’on lui connaissait bien quand il prenait conscience encore une fois de sa supériorité par rapport au bas monde. Un jour, certain arriverait à l’édifier au niveau des dieux. C’en était presque sûr.

Il se fit entraîner dans le couloir pour regagner la salle de classe. Il ne dit rien du trajet à propos des manières de sa camarade de classe. Plutôt que de s’énerver, il se plaça correctement. S’il pouvait se rapprocher des gens de la classe, cela lui permettrait peut-être de connaître un peu mieux l’univers de Rikkaidai. Si ces gens là entouraient Yukimura et que celui-ci arrivait à être aussi fort… ils devaient peut-être être liés. Comprendre pourquoi la force était telle dans cette école était bien une des raisons de sa venue. Atobe espérait tirer de son séjour des avantages qui permettraient de trouver une puissance nouvelle à son équipe.

Rapidement, ils avaient regagné la classe. Nakijima, légèrement gênée par Atobe devinait bien, s’inclina face à eux et regagna sa place dans le fond de la classe. Le jeune homme la trouvait bien silencieuse depuis le cours de musique. Elle qui pourtant n’avait pas été timide lors de celui de physique pour lui demander son aide… Était-elle tombée sous son charme ? Cela ne faisait jamais qu’une personne en plus à rajouter sur son tableau de points. Oshitari en serait jaloux.

" Bien, " coupa le professeur principal de la classe.

Il fit un résumé entier de la journée, à l’aide des élèves et finit son speech en léguant sa place aux deux délégués de la classe. Chihara se leva, cela tiqua Atobe qui n’aurait jamais cru que celle-ci puisse l’être, ainsi qu’un autre élève. Tous deux allèrent devant le tableau noir. Entendre parler sa camarade comme elle le fit devant toute sa classe surprit encore le capitaine de Hyotei. Cette jeune fille d’apparence si… modeste, qui se tournait vers son voisin de derrière dès qu’elle le pouvait pour ses cours, prenait la place de chef de classe.

Lorsque son tour vint de parler, Atobe se leva – un minimum de respect était à avoir alors qu’il n’était pas sur son territoire.

" Tout a été clairement dit. Je n’ai rien de plus à annoncer si ce n’est que j’espère passer une bonne semaine. "

Spoiler:

A ses mots, un sourire éblouissant vint ravir les lèvres de Chihara qui hocha vigoureusement de la tête afin de manifester son contentement.
Puis, elle reporta de nouveau son attention sur l'ensemble de la classe.

« Pour finir, je rappelle aux 'fouines' qu'il leur est formellement interdit de traîner du côté des courts de tennis sans autorisation du Capitaine, merci de transmettre l'information à la présidente du club.
Il ne fait aucun doute qu'un tel événement aura son heure de gloire dans le journal du collège, aussi je vous prierai de bien vouloir attendre l'accord de Yukimura. Souvenez-vous de ce qui s'est passé la dernière fois. Je n'ai pas envie que l'argent du conseil des élèves repartent dans l'achat de nouveau matériel par ce que vous ne suivez pas les recommandations. »

Un long silence suivit sa déclaration. Tous avait à l'esprit le drame qu'avait vécu le club de journalisme l'année dernière, quand voulant obtenir des informations sur les entraînements des titulaires, ils avaient vu leurs matériels abimés. Yukimura se souvenait des rumeurs qui avait suivi peu de temps après, accusant les joueurs d'avoir volontairement cassé le matériel vidéo, dans le seul but de garder leur activités secrètes. N'ayant rien pu prouver, l'affaire avait été étouffée, mais des rancœurs subsistaient entre les deux clubs.

Ce jour là, Sanada avait frappé violemment Niou et Akaya pour ne pas avoir su contrôler leur balle, mais personne n'avait été dupes et tous savaient que la réaction excessive de leur vice-capitaine avait seulement été là pour masquer leur méfaits. Il fallait en effet beaucoup de précision pour arriver à endommager caméra et appareils photos, de telle sorte qu'il ne faille en changer que les flash et les objectifs.
Précision dont seul Renji et lui-même étaient capables à l'époque, Sanada mis à part.

« Enfin, je rappelle que Takeda et Uchiyama seront les responsables de classes demain et que nous utiliseront le terrain d'athlétisme, en sport. Voilà, ça sera tout pour aujourd'hui. Je vous laisse maintenant rejoindre vos clubs respectifs ! »

La nouvelle de fin des cours fit plaisir à Yukimura, qui s'étira avec délectation. Il allait enfin pouvoir jouer au tennis. Enfin jouer était un bien grand mot. Le seul moment où il avait réellement pu s'amuser, avait été les dix minutes de jeux que Sanada avait bien voulu lui accorder dans la matinée.
Quand il regagnerait le club, il lui faudra se changer, puis s'échauffer. Une fois qu'il aurait fini les exercices de bases, il devrait se contenter de garder un oeil attentif sur les jeux de ses joueurs, avant que Renji ne mettre fin à sa torture en lui proposant une activité.

Son regard dériva vers Atobe. S'il avait été plus en forme, il aurait apprécié se mesurer à lui, mais son écart aux Nationales lui avait valu la colère de son médecin, et il n'était pas sûr que son rival comprendrait qu'il puisse régresser à ce point.
Non Atobe méritait un grand match, un de ceux qu'il avait donné à Echizen, et qu'il donnait parfois à Sanada. Il ne méritait certainement pas un jeu minable comme il lui en servirait et il comprendrait qu'Atobe en soit contrarié. Peut-être devrait-il le laisser jouer conte son vice-capitaine en guise de compensation ? Mais la fierté de Sanada valait-elle la peine d'être sacrifié pour des désirs égoïstes ?

Il lâcha un soupir de frustration. Avec tout ça, le résultat restait le même. Il ne jouerait pas aujourd'hui.

Faisant contre mauvaise fortune, bon coeur, Yukimura se leva et alla à l'encontre d'Atobe. Rien sur son visage ne trahissait les sombres pensées qui l'avaient habitées quelques minutes auparavant, il avait retrouvé toute la sérénité qui le caractérisait.
Après un dernier salut et des encouragements aux élèves assignés au nettoyage de la salle, le capitaine de Rikkai regagna son club.
Il régnait dans les vestiaires une ambiance chaleureuse et détendue. Dès son arrivée, Kirihara sauta joyeusement devant lui, en lui présentant une feuille de papier. Sa dispense de sport.
Yukimura sourit en voyant que son petit protégé y avait pensé, et le félicita en lui ébouriffant les cheveux avant de regagner son casier.
Sanada qui finissait de s'habiller, s'écarta légèrement pour lui faciliter l'accès à ses affaires. Lui adressant un sourire reconnaissant, le jeune prodige lui ajusta sa casquette, satisfait, puis entreprit de se changer.

"Où sont Niou et Yagyuu ?" demanda-t-il l'air de rien, en enlevant sa chemise.

"Ils se sont changés rapidement avant de ressortir. Sans doute s'échauffer. " Informa Renji.

La bulle de Marui claqua, comme pour le démentir.

"Niou voulait parler à Rei. Yagyuu à sans doute voulu..."

Un bruit sourd coupa brusquement le jeunr génie de la volée dans sa phrase et tous les titulaires se tournèrent vers Akaya qui venait de violemment frapper dans le mur proche de la porte.

"Akaya ?" murmura Marui, inquiet pour son kohai. Mais la réaction de Sanada ne se fit pas attendre.
"AKAYA !" cria-t-il "Qu'est-ce que tu fais ?"

Yukimura imaginait sans peine ce qui venait de traverser l'esprit de leur démon. Kirihara bouillonnait de colère et de frustration. Le connaissant ce n'était pas dans le mur qu'il aurait tapé. Son joueur était une personne violent et impulsif et Yukimura était pleinement conscient des efforts qu'il faisait pour son contrôler. Tous deux savaient, qu'un seul écart pouvait lui coûter sa place.

"Je vois" souffla-t-il en refermant brusquement son casier, attirant de ce fait l'attention sur lui. Il releva les yeux vers ses joueurs, et les toisa tour à tour avant de se fixer sur Kuwahara.

"Jackal. Va les chercher. Tu as cinq minutes et pas une de plus. Passé ce délai et ça sera 30 tours de terrains supplémentaires. C'est clair ?"

Le brésilien répondit par l'affirmative et s'empressa de s'exécuter. Si Yukimura était une personne relativement gentille en dehors des cours des tennis, dès qu'il s'agissait de gérer son équipe, il pouvait se montrer impitoyable.

"Seiichi" appela alors Renji. "J'ai comparé tes derniers résultats. Ils sont redevenus stables. Tu va pouvoir récupérer tes poids. Félicitations"

Joignant le geste à la parole, il lui tendit alors deux protège-poignets noirs. Marui passa un bras autour du cou de son capitaine, enchanté alors que Kirihara glisser deux doigts entre ses lèvres pour émettre quelques sifflements aiguës.

"Félicitations Buchou"

Même Sanada affichait un petit sourire satisfait. Ne croyant pas à sa chance, Yukimura mis un certain temps avant de se saisir de ses nouveaux poids. Enfin, il était de nouveaux à égalité avec ses titulaires. Encore quelques efforts et il serait définitivement de retour. Rapidement, il se délesta de ses précédents poids qui pesaient à ses poignets, et mis les nouveaux. Puis, il fit jouer ses articulations, un sourire béat aux lèvres.

"Renji. Donne la même chose à Monsieur. Ça ne serait pas amusant dans le cas contraire" ajouta-t-il en toisa Atobe avec une lueur de défi dans le regard.

Sanada émit un petit ricanement avant de prendre le chemin de la porte et commencer ses exercices, en attendant les retardataires alors que le dataman s'empressa de d'exécuter les ordres de son capitaine.

Arrivé dans le vestiaire, le King avait rapidement rejoint le casier qu’on lui avait prêté. Il prêta doucement attention à ce qu’il se passait derrière lui. Ne se souciant guère, en fait, des évènements qui ne l’intéressaient pas. Il retira ses affaires de la journée pour revêtir ses celles de Hyotei et alors qu’il finissait de mettre son T-shirt aux couleurs blanches et bleues, le coup de poing de Kirihara le surprit, réveillant son attention. Dès lors, il suivit la conversation qui s’en suivit dans la pièce. Le cri de Sanada révéla clairement à Atobe le rôle qu’avait celui sur le reste des titulaires. Leur petit démon semblait trembler de rage, Atobe le remarquait aux légers soubresauts de ses épaules. Mais ne comprenant pas l’origine – il n’avait pas suivit le dialogue de toute façon – il se désintéressa du garçon pour porter ses yeux sur son capitaine.

Celui-ci abordait un visage neutre, encore indéchiffrable pour le King de Hyotei. Pourtant, il sentait qu’il n’était pas indifférent à ce qu’il se passait. Normal pour un capitaine. Atobe avait rarement l’occasion de voir une telle mine chez Yukimura. C’était comme quelqu’un d’autre, pour Atobe. Il ne le reconnaissait pas, ou plutôt, c’était une partie du jeune homme qu’il ne connaissait pas et qu’il se délectait de rencontrer.

Jackal sortit rapidement du vestiaire, comme légèrement affolé. Quand il le voulait, Yukimura pouvait se montrer vraiment différent. Son caractère correspondait assez à son jeu au tennis. C’était vraiment le démon à l’apparence d’ange. Et cet ange ressortit quelques secondes plus tard, alors qu’il recevait les félicitations de toutes les personnes aux alentours.

On lui tendit soudainement quelque chose sous les yeux. Des protèges poignets qui, à la vue de leur apparence, ne semblaient pas vraiment légers. Un sourire prit place sur le visage d’Atobe en comprenant la signification. Le King les prit et les enfila alors à chaque poignet. La charge changeait. C’était effectivement assez lourd mais Atobe avait connu cela lors d’un de ces camps d’entraînements qu’il se faisait subir ainsi qu’à son équipe. Cependant, il était ravi qu’on prenne en compte ses capacités et qu’on ne le sous-estime pas.

" Comme ça, vous ne pourrez pas dire que je triche si je vous enchaîne des victoires, " déclara-t-il joyeusement. S’il avait pu, il aurait siffloté.

Yukimura secoua doucement la tête amusé par l'arrogance du capitaine de Hyotei, pusi d'un signe de la main, intima à ses joueurs de sortir.
Lorsqu'il arriva sur les cours, les deux retardataires les rejoignaient en courant.

"Désolé" s'excusa nonchalamment Niou en guise de bonjour. Yagyuu quant à lui justifia son retard, accusant sans remord son coéquipier.
Sanada s'apprêtait à les punir pour leur retard, mais Yukimura stoppa son geste.

"Que ça ne se reproduise plus" prévint-il, laissant planer la menace.
"Maintenant que tout le monde est là. Je ne vous présente plus Atobe Keigo, ni les raisons pour lesquelles, il est là. Je vous demanderais simplement de le considérer comme l'un des notre durant cette semaine, aussi exécrable qu'il puisse être." ajouta t-il avec un petit sourire malicieux.

"Sur ce, je laisse le soin à Renji, de vous exposer le programme de la semaine"

Le Dataman exposa alors au reste de l'équipe le planning qui avait été inscrit plus tôt sur le tableau et leur rappela les règles d'usages. Puis il se tourna vers Atobe et lui expliqua tout ce qu'il avait à savoir sur les entraînements, à commencer par les échauffements : 25 tours de terrains en plus de quelques étirements.

Une fois la mise au point terminé, l'entraînement commença. Les exercices de bases terminées, Renji enchaîna avec un test d'endurance où Marui arriva bien évidement dernier, ce qui lui valu quelques moqueries de ses camarades.

Yukimura était plutôt satisfait de son temps, mais il savait qu'il pouvait faire mieux. Il voulait tester ses capacités dans un match, mais jamais Renji le laisserait faire.
Aussi fût-il incroyablement surpris quand Sanada, l'attrapa par le bras et l'entraîna vers le court le plus éloigner, se moquant éperdument de chambouler le programme de son ami.

Le souffle court, Yukimura regardait le ciel, allongé par terre. De là où il était il avait une vue imprenable sur les nuages gris qui s'amoncelaient au dessus de lui. Dire qu'il avait fait un temps magnifique ces derniers jours.
Sa respiration saccadée, il tentait de la rendre régulière avant de se relever. Il avait chaud, étonnement chaud pour des températures si basses, mais il savait que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne ressente de nouveau le froid glacial sur sa peau.
Sanada semblait avoir eut la même pensée, puisqu'il lui tendait sa veste de titulaire.
Un sourire éclaira son visage. Dire que son vice capitaine était à peine fatigué de leurs échanges.
Enfin, il avait eu ce qu'il voulait. Il fit jouer un instant ses poignets et grimaça. Il avait perdu l'habitude d'avoir un tel poids et cela l'avait fortement handicapé pendant cette séance d'exercices improvisés.
Sanada en avait parfaitement eu conscience et n'avait pas manqué de lui envoyer des balles de plus en plus lourdes, voire même de le piéger quand il essayait de palier à son handicap.
Il ne l'avait pas ménagé et Yukimura était heureux qu'il l'ait fait. Même s'il n'était pas encore revenu à son niveau, il voyait à présent ses lacunes et savaient les points qu’il devait encore travailler.
Son vice capitaine était vraiment un bon professeur.

Il se redressa légèrement le temps d'accepter la veste et de la mettre, puis se rallongea. Il y avait longtemps qu'il ne s'était pas senti bien comme ça.
Soupirant d'aise, il ferma les yeux.

Sanada le considéra un instant, puis se dirigea vers les vestiaires non sans lui avoir conseillé de rapidement revenir.
A peine avait-il franchit la porte que Renji cessa de corriger les données qu'Akaya avait récolté pour poser les yeux sur lui.
Mais il ne lui accorda aucune attention et commença rapidement à se changer. Ce fut Jackal qui posa la question que tous se posaient.

"Où est Yukimura ?"
"Juste là" répondit ce dernier qui venait à peine de rentrer. "Et je vais prendre une douche" ajouta-t-il en récupérant quelques affaires dans le casier de Sanada.

"Tu feras attention, Niou est encore sous la douche" prévint Yagyuu qui en sortait.

Yukimura sourit et prit sa place. La folie de Niou et de ses canards ne lui faisait pas peur. Au contraire, il avait même envie de s'amuser un peu.

"De bonne humeur" nota Renji avant de se tourner vers Sanada qui haussa les épaules.

" Plus haut la raquette ! " gronda Atobe en corrigeant un de ses kohais. " Si tu fais ton smache comme ça, il ne tombera jamais là où tu le veux. Tes épaules ne sont pas orientées vers le bon côté du terrain. Là, tu envoies la balle directement sur le filet et je te garantis que neuf fois sur dix, ça ne passera pas. "

Le deuxième année grimaça. Cela faisait au moins la troisième fois que le King le reprenait sur sa gestuelle depuis le début. Jamais avant on ne lui avait fait autant de remarques à la fois. Et il avait la désagréable impression d’entendre Renji, quand celui-ci estimait – et ce toujours sans fautes – leur chance de rater leurs coups. Corrigeant la place de son poignet, Atobe lui envoya une balle haute qu’il frappa de toute sa force. Et en effet, elle passa le filet sans le moindre souci.

" Eh bien voilà ! " fit le pseudo-professeur, satisfait. " A toi. "

Un troisième année prit la place et renvoya sans besoin de conseil le lob d’Atobe.

Vraiment, à Rikkai, il y avait de bons joueurs, si les trois démons n’avaient pas été là, nul doute que certains feraient partie des titulaires. Dommage pour eux. Ils n’avaient qu’à être à Hyotei, il aurait su les récompenser de leur niveau. Bon, certes, certaines bases étaient à revoir, nul n’était parfait…

L’entraînement finit, Atobe laissa ses élèves du jour pour rejoindre le vestiaire. Pas vraiment en sueur, il avait tout de même l’envie de prendre une douche pour se réchauffer. Le froid était tellement prenant sur la peau qu’il avait l’impression de congeler sur place. En rentrant dans la pièce il eut un frisson tel qu’il ne put le refreiner. Avant de rejoindre son casier emprunté, il fit le tour de l’assemblée. Yukimura n’était pas là ?

" Si tu cherches notre capitaine, tu le trouveras sous la douche, " lui répondit-on.

Ah…

Atobe ne dit rien et s’occupa à prendre ses affaires pour rejoindre la salle d’eau. Il entendait quelques paroles, le capitaine ne devait pas être seul. Ne voulant se mêler de rien, Atobe entra discrètement dans une cabine vide et se dévêtit.