Atobe x Yukimura - Douceurs de Noël

Yukimura se serait donné des claques tellement il se sentait stupide. La dernière fois qu'il était venu à Tokyo il s'était trompé de lieu de rendez-vous et c'était retrouvé à l'autre bout de la ville et maintenant qu'il voulait retrouvé cette fameuse petite boutique, il se retrouvait sur les lieux de son ancien rendez-vous.
Heureusement pour lui, Renji ne l'accompagnait pas, sans quoi il n'aurait pas hésité une seule seconde à se moquer de lui.

Yukimura leva son bras droit et tourna son poignet afin de voir quelle heure sa montre affichait. Son coeur rata un battement quand il constata qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps avant la fermeture et partit en courant dans le sens inverse de là où il venait.

Trois quart d'heure plus tard, il sortait du bus et se précipitait vers la petite boutique où il y fit une entrée fracassante.

Il s'adossa à la porte et ferma les yeux tentant de reprendre son souffle.

"Yokatta" laissa t-il échapper entre deux respirations.

Le caissier qui commençait à s'assoupir sur sa chaise eut un sursaut effroyable lors de l'arrivée de son client. Il aurait pu y faire tomber sa chaise à la renverse si le mur n'avait pas été derrière. Croyant rêver, Atobe cligna plusieurs fois des yeux. Oh miracle ! Un client !

Le châtain regarda l'heure, se demandant s'il ne s'était pas vraiment endormi et avait râté l'heure de fermeture mais s'aperçut qu'il avait encore du temps devant lui. Il se leva alors en silence et s'approcha du nouveau venu pour sortir les politesses obligées de la boutique.

Et c'est à deux pas de son client qu'il s'aperçut que c'était auquel il pensait quelques dizaines de minutes avant. Et si celui-ci était de nouveau apparu devant lui, c'était qu'il avait enfin une idée. Atobe fut alors ravi de comprendre qu'il aurait enfin du travail mais cela ne se vit guèrement sur les traits de son visage.

" Bienvenue. " déclara-t-il.

Le capitaine de Rikkai ouvrit les yeux et leva légèrement son visage et constata qu'Atobe était plus proche de lui qu'il ne semblait l'être. Un léger sourire naquit alors sur ses lèvres alors qu'il reprenait encore son souffle.

"De l'eau... sil te plaît" demanda-t-il en l'implorant du regard.

Sa gorge était sèche d'avoir trop couru et en plus il crevait de chaud sous son manteau. En temps normal, il avait toujours une bouteille d'eau sur lui, mais il était partit si rapidement de chez lui qu'il avait oublié d'en glisser une dans son sac.

"Je t'ai apporté quelques croquis" articula t-il péniblement en tendant la main vers son sac avant d'y sortir sa pochette à dessin et de la tendre à Atobe. "Je voudrais juste avoir ton avis... J'ai planché dessus toute la semaine, mais rien ne va."

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La réponse de Yukimura à sa demande de service surpris légèrement Atobe. C'était nouveau de commander ... de l'eau. Mais bon, le client était roi, n'est-ce-pas ? Sur ce, il alla en arrière boutique pour revenir avec un verre rempli. Son geste le tiqua. Depuis quand servait-il les gens ?

Il attrapa ce que lui proposait Seiichi. Il fit un geste de la main pour dire au jeune homme de le suivre jusqu'à la pièce juxtaposée où il lui désigna un siège où s'asseoir. S'ils devaient parler affaires, il fallait mieux être à l'aise. Atobe écarta la balle de bois avec laquelle il jouait et sortit les fameux croquis de la pochette pour les étaler sur la table un par un, après avoir jeté un oeil critique dessus. Il les sépara en trois groupes puis rejetta son attention sur un.

" Je vais être franc, ça, c'est strictement impossible. " fit-il en montrant les feuilles en question. Un petit sourire s'étira sur ses lèvres en se rendant compte de l'expérience qu'il avait acquérie. S'il ne pouvait pour l'instant pas battre Yukimura au tennis, il restait supérieur à lui dans le domaine rustique du bois. " Certaines pièces ne sont pas réalisables : par exemple ... " Il sortit une feuille, la réexamina puis montra de son index l'endroit où les choses clochaient. " Ici, ici et là, les pièces seraient trop grosses pour pouvoir respecter les dimensions et si on les rétrécit, elle flotterait et ne soutiendrait plus rien. Cela ferait des trous dans la boîte, voire même elle s'effondrerait. Et pareil sur celui-là. Sur ce schéma là, c'est la forme de la pièce qui pose problèmes, elle serait trop fine et se casserait trop facilement. "

Il écarta donc les quelques feuilles à problèmes.

Yukimura accepta gracieusement le verre que lui apporta Atobe, en but une gorgé tandis qu'il réceptionnait ses dessins avant de le suivre jusqu'à l'arrière boutique.

Il posa son verre d'eau sur la table avant d'enlever son manteau et de se mettre à l'aise. Une curieuse balle ronde roula jusqu'à lui et il s'en saisit avant de regarder Atobe qui examinait ses croquis.

Il posa son coude sur la table et cala son menton dans sa paume afin de mieux l'observer. C'était si étrange de voir le Capitaine de Hyotei si concentré sur quelque chose autre que sur le tennis.
A bien y réfléchir sa concentration durant un match était différente de celle qu'il avait sous les yeux et un sourire amusé étira ses lèvres à l'idée de découvrir une autre facette de l'arrogant Atobe Keigo.

Lorsqu'il eut fini l'examen de ses dessins et exposé son avis, Yukimura se redressa et regarda son conseiller dans les yeux.

"Je comprends" dit-il en acquiesçant. "Je suis content que tu m'aies donné ton avis. Maintenant je sais au moins ce que je ne dois pas faire. Et pour les autres ?" demanda-t-il en les désignant d'un bref mouvement de tête.

" Ces deux-là, " et Atobe pointa un second tas du doigt. " ...ils peuvent se faire mais il y a quelques problèmes d'emboîtement. " Il attrapa les feuilles. " Sur ce schéma, pour fermer la boîte, il faudrait pouvoir caler cette pièce comme ça... " Il prit un crayon et dessina la pièce dans le sens qu'il concevait. " Mais elle devient alors une pièce tout à fait inutile, un rajoût. Sur l'autre, le système serait à mettre sur le côté, et c'est assez difficile. Je ne dis pas que je n'y arriverai pas, mais seulement que ça risque de ne pas être ... esthétique. "

En gros, il n'aimait pas cette idée.

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Les yeux de Yukimura ne quittait les feuilles étalées devant eux et suivait attentivement le moindre faits et gestes d'Atobe. Le capitaine de Rikkai fronça un peu les sourcils lorsque l'apprenti ébéniste corrigea un de ses dessins, tenant de comprendre le mouvement avant de faire une pause et de boire son verre d'eau.

"Je vois " décréta t-il en guise de réponse.

Puis Atobe attrapa la dernière pile et regarda une nouvelle fois les dessins.

" Ceux-là, je pense qu'il n'y a aucun soucis, " annonça-t-il doucement.

Il ne les avait pas enore bien regardés, donc il ne pouvait pas totalement savoir si c'était sûr. Mais à premier coup d'oeil, il n'y avait pas d'ennuis. Il examina les traits un par un, ce qui fit que la pièce retomba en silence pendant encore quelques minutes.

" Si tu me le permets, je demanderais au ... patron. "

Il lui fallait toujours voir les derniers détails de chaque plan avec lui avant de pouvoir se lancer dans un quelconque projet. Keigo réfléchissait en jouant avec le stylo qu'il avait entre les doigts.

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"Pour être tout à fait honnête... je n'aime pas ces dessins" avoua Yukimura en montrant d'un geste négligé de la main l'ensemble des feuilles.
Il esquissa une moue ennuyée avant de prendre une nouvelle gorgée d'eau.

"J'ai compris ce que je peux et ne peux pas faire, mais esthétiquement parlant rien ne va" confia-t-il les yeux légèrement perdus dans le vague.

C'était vraiment frustrant de ne pas pouvoir mettre un mot sur ce qui le travaillait et puis le mouvement du stylo avec lequel jouait Atobe, l'hypnotisait.

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Un long silence avait lentement enveloppé la pièce de son doux manteau sans que Yukimura ne l'en empêche.
Pour une raison qu'il ignorait il ne pouvait détacher ses yeux des mains d'Atobe. Ses pensées erraient en quête d'une nouvelle idée mais elles étaient sans cesse troublées par ses mains.

Aussit-il fût-il surpris quand Atobe arrêta ses activités pour se laisser aller contre sa chaise. C'était étrange de voir le fier Atobe Keigo baisser sa garde.

Mais quand ses deux cobalt s'ancrèrent brusquement dans les siens, son coeur rata un battement.

"Si tu devais me faire une boite à secret, comment serait-elle ?" demanda t-il doucement.

Il ne savait pas pourquoi il lui avait poser la question. Elle lui avait juste semblé naturelle.

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A la question, l'apprenti releva légèrement la tête pour regarder légèrement son rival de haut et haussa un sourcil un tantinet surpris. S'il avait été plus expressif, il en aurait ri. Aulieu de cela, il comprit qu'il se devait de répondre franchement à la question. Posant ses coudes sur la table, Atobe croisa ses doigts.

Quelle genre ferait-il ? C'était déjà dur de connaître une personne, alors savoir ce qui lui ferait plaisir était une autre tâche ardue. Surtout un rival. Et un tel que Yukimura Seiichi. Pour lui, il faudrait un détail en particulier qu'il ne trouverait pas chez d'autres, comme Oshitari par exemple. Une passion pour le tennis aussi forte que la sienne, mais ...

" ... "

Il allait dire une sottise. Il se cacha le haut du visage dans ses mains, il se sentait comme rougir à l'idiotie qu'il avait pensée. Quelques secondes après, il était redevenu sérieux.

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Yukimura observait le moindre fait et geste de son vis à vis, attendant patiemment sa réponse.
Bizarrement il se sentait étrangement serein.

Atobe esquissa un mouvement, prêt à répondre à sa question, mais rien ne filtra de ses lèvres et l'attitude qui suivit l'intrigua au plus haut point.

A quoi avait-il pensé ?

"Dis-moi" supplia-t-il.

Il ne s'était pas rendu compte qu'il s'était levé de sa chaise pour s'approcher davantage d'Atobe. Lorsqu'il en prit conscience, il se rassit immédiatement. Ses dents vinrent instinctivement mordiller sa lèvre inférieure comme à chaque fois qu'il était embarrassé alors qu'il regardait une nouvelle fois ses planches.

Réprimant un petit rire qui suivait son acheminement de réflexion, Atobe releva la tête quand son client devint étrangement brusque. Sa réaction ne fit que lever un sourire. Non, il ne fallait mieux pas.

" Je ne peux pas t'aider sur ce point, " changea de sujet Atobe en prenant un ton sérieux. " C'est à toi de trouver ce qu'il te manque. "

Il regarda d'un bref coup d'oeil le coin d'eau de l'atelier et réalisa qu'il n'avait personne pour le servir. Jamais il ne s'habituerai à ces manières de prolétaires où il fallait se servir soi-même de ces choses communes. Le repas, le ménage et autres étaient tellement mieux faits par des mains de professionels. Il se leva de sa chaise et alla se remplir également un verre d'eau.

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Yukimura tiqua lorsqu'Atobe l'ignora de nouveau et changea de sujet. Ce qu'il pouvait être pénible à agir de cette manière.

"Ce n'est pas ce que je t'ai demandé" répondit-il un brin agacé.

L'espace d'un instant il pensa avoir rêver les derniers minutes et il se demanda commet il avait pu, ne serait-ce qu'une seconde que les préjugés que tout le monde avait sur le Capitaine de Hyotei pouvait être infondé.
Ce n'est que lorsqu'il le vit se lever pour aller se chercher un verre d'eau qu'une idée germa dans son esprit.

"Sur tous les défauts que je te connais, je ne te savais pas si lâche, glissa t-il sournoisement. Qui aurait pu croire qu'une simple question ferait fuir le grand Atobe Keigo.

Un sourire malicieux éclairait à présent son visage alors qu'il détaillait le dos de son rival.

Heureusement qu'il était de dos, sinon Yukimura aurait pu voir le déplaisant rictus qui était apparu sur son visage, synonyme du " y a que la vérité qui fait mal, et je la ressens même si j'me persuade du contraire ". Il en serra quelque peu plus son verre pour reprendre ses esprits et son calme : "tous es défauts" ? "Tous" ? Atobe n'avait aucun défaut ! Il lui prouverait bien !

Atobe revint vers la table et posa ce qu'il y tenait à la main.

" Je ferai la chose la plus complexe qu'il soit pour que tu y passes des centaines d'heures avant de réussir à l'ouvrir. "

Il se réinstalla. En réfléchissant à ses mots, il se voyait comme devant Oshitari. Il se relâchait peut-être un peu trop.

"C'est une vengeance ?" questionna Yukimura suspicieux, bien que cela sonna plus comme une affirmation qu'une réelle question.

Détendu contre le dossier de sa chaise, ses doigts jouant négligemment avec le stylo d'Atobe, il scrutait consciencieusement le visage d'Atobe, avant qu'un grand sourire n'éclaire son visage.

C'était clair que c'en était une.

"Qu'est-ce qui t'a fait pensé à ça ?" demanda-t-il curieux.

" Simplement le fait que j'avais oublié qu'il ne fallait pas te ménager. " répondit Keigo.

En regardant Yukimura, il ne pouvait pas ne pas penser, à ce moment précis où leurs yeux se croisaient, au fait qu'il était faible quelque part. Pour Atobe, faire une ... boîte pour lui l'obligerait à essayer d'y faire ressortir force, passion et faiblesse. Et quand il avait réalisé ça, il n'avait pu s'empêcher de rire. Il s'était trouvé bien fleur bleue et s'était ri de lui-même.

" Mais il me semble que tu n'étais pas venu pour savoir ce que je pensais de toi, hmm ? "

Le stylo cessa sa valse folle alors que Yukimura le reposait doucement sur la table.

"Right. D'ailleurs, j'ai tout ce qu'il faut à présent."

Il récupéra les feuilles du groupe 2 et 3 et les rangea dans sa pochette. Pour une étrange raison, il était d'une incroyable bonne humeur.
Ses yeux clignèrent plusieurs fois à ce constat. Son comportement et ses sentiments lui était curieusement étrangers en la présence d'Atobe.
Il revient rapidement à lui et désigna d'un signe de la tête le tas restant.

"Je te laisse celui-ci. Je reviendrais avec de nouvelles planches."

Atobe lui ayant donné son accord, Yukimura s'engagea alors sur le chemin de la sortie, avec une seule chose en tête : celle de dessiner.
La réponse d'Atobe lui avait donné une idée.

Il suivit ce dernier jusqu'à la boutique, mais fût stoppé dans son élan lorsque ce dernier s'arrêta devant la porte. Yukimura tenta de voir ce qui captivait ainsi le capitaine de Hyotei, mais peine perdue.
Il poussa un petit soupir avant que l'apprenti ébéniste ne se souvienne de sa présence et ne s'écarte de son passage.

Yukimura le gratifia d'un sourire et allait quitter la boutique quand une chose lui revint en tête.

"Atobe, demanda-t-il très sérieusement. La boîte... Tu me la ferais ?"

Reprenant son air habituel d'arrogant que rien ne pourrait arrêter, Atobe affirma, sûr de lui :

" Bien sûr. "

Sur ce, Yukimura quitta l'endroit et Atobe retrouva la solitude des lieux. Seul, dans le nouveau froid du magasin, avec l'unique lumière tamisée de la pièce. Cela lui donna presque un frisson. Le châtain regagna l'atelier et se rassit à sa chaise. Les feuilles qu'avaient laissées YUkimura traînait non loin de lui et c'est lentement qu'il les attrapa, ainsi que le crayon qu'il refit jouer avec ses doigts. Repassant le détail des pièces il attendit l'heure de fermeture ainsi. Son patron ne revenant pas, il allait devoir lui laisser un mot ...

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Les jours avaient filés à une vitesse hallucinantes Pour Yukimura. Entre les cours, le club de tennis et ses dessins, c'était à peine s'il les avaient vus passés. Enfin il était arrivé à exprimer son idée et il en était fier. Il avait hâte de montrer ses planches à Atobe et d'avoir son avis.

Présentement, l'entrainement du soir venait de se terminer au sein de la prestigieuse école de Rikkaidai.
Aussi lorsqu'il eu finit de se doucher il s'empressa de s'habiller, de rassembler ses affaires et de quitter les vestiaires à la vitesse de l'éclair sous le regard médusés de ses camarades.D'habitude il était toujours l'un des derniers à partir.

Courant jusqu'à la gare, il ne se permit de respirer qu'une fois dans le train. Yukimura regarda sa montre et soupira de soulagement. Il avait le temps d'arriver jusqu'à la petite boutique de jouets en bois.
Accoudé contre le rebord de la fenêtre, il regardait le paysage défilé devant ses yeux, se remémorant les dernières semaines un doux sourire aux lèvres.

Il jeta un dernier coup d'oeil à ses crayonnés, plus que satisfait.

"j'avais oublié qu'il ne fallait pas te ménager."

Cette simple phrase d'Atobe avait suffit à inspiré Yukimura et donner la légèreté nécessaire à ses dessins.
Il avait oublié que Kosuke ne resterait pas une petite fille toute sa vie et qu'un jour viendrait où il ne serait plus le gardien de ses secrets.
C'était dans ce but qu'il lui offrait cette boîte.

Et puis Atobe allait lui en faire une également. Il avait d'abord pensé que le jeune refuserait de lui faire, s'occupant déjà de sa petite soeur, aussi avait-il été agréablement surpris quand il avait accepté.
D'une certaine manière, il avait l'impression de connaître une autre facette du capitaine de Hyotei, une de celles dont personne ne parlait et il se sentait tout bêtement heureux d'avoir cette chance.

C'est donc le coeur léger qu'il entra dans la boutique. Il fût étonné d'y voir le propriétaire.

"Ano... Excusez-moi, Atobe-san est-il ici ?" questionna-t-il se sentant soudainement bête d'être passé à l'improviste.

L'homme qui avait fini de conseiller son client sur quel type de bois choisir pour la réalisation d'un cheval à bascule de taille enfant se tourna alors vers le nouveau venu dans sa boutique. Il mit un temps à replacer le jeune homme dans sa mémoire : c'était un ami de Keigo ! pensa-t-il.

" Quoi, il ne t'a pas dit ? " s'étonna-t-il en ouvrant grands ses yeux ronds et leur donnant une forme cyclique parfaite. " Son stage s'est terminé hier ! Ah quel dommage ! Il travaillait bien, rare de nos jours les personnes si douées de leurs mains. Je m'en voudrais presque de les avoir abîmées, des mains si jolies ! ... Surtout quand il est parti hier, il en avait de ces pansements ... "



Atobe "jouait" avec le tas de bois devant lui. Amas de pièces détachées en fouillis sur sa table de bureau. Des outils étaient à côté, eux rangés par ordre d'utilisation. Il pensait tout en tournant une pièce dans tous les sens, se consultant au schéma qu'il avait à ses côtés. Ses yeux passaient de temps en temps sur les feuilles non loin de lui. Ces dessins à présent corrigés, il lui fallait les rendre à leur propriétaire.

Il s'arrêta dans son montage et posa son dos contre le dossier de sa chaise, laissant sa tête en arrière et il souffla un bon coup. Il leva ses mains au dessus de lui et constata les dégâts. A l'entraînement, Oshitari lui avait bien demandé pourquoi il avait tout cela aux doigts, mais il n'avait pu répondre rien sinon de s'occuper de son entraînement. Non, il n'allait certainement pas dire que c'était à cause d'une commande pour son rival de Rikkai. Il voyait déjà la tête qu'aurait eu le tensai s'il lui avait dit la vérité. Les lunettes glissants sur le nez, les sourcils haussés et stoppé dans sa marche. Atobe sourit, ça aurait été drôle de voir ça.

Ces derniers jours de stagé étaient passés avec une vitesse déconcertante. Il en avait presque négligé son travail à rendre tant il avait été pris dans son idée. Au final, il avait dû veillé pour pouvoir le rendre en temps et en heure, correctement comme on pouvait s'attendre de lui. Mais ça ne lui ressemblait pas. Non, vraiment pas. Mais en même temps, les choses avaient fusées dans sa tête, dès qu'il avait eu du temps de libre à la boutique, il s'était enfermé dans l'atelier pour faire les dessins et les avait montré à son patron pour qu'il puisse les vérifier et corriger. Une fois fait, il s'était fait guider pour choisir le bois qu'il convenait et s'était lancé dans la tâche. Le temps était passé vite oui. Si bien vite que quand le stage en était vraiment arrivé à son terme, il avait senti une pointe de regret.

Sa montre sonna à son poignet. Il était temps pour lui de rentrer chez lui. Rassemblant ses affaires, il emballa soigneusement la maquette de bois dans un petit sac et la rangea dans son sac soigneusement. Il était seul dans cette salle de classe. Plus personne n'était là. Ses chauffeurs étaient en retard, l'avait prévenu son majordome. Il avait fait un malaise et le second de remplacement était en route pour venir récupérer la voiture. Mauvaise journée, pensa Atobe.

Une fois à l'extérieure et devant les grilles, son portable émit la sonneire d'appel. Le maître eut un mauvaise pressentiment.

" Qu'y-a-t-il ? " répondit-il quand il vit le nom de la maison afficher à son écran.

" Atobe-sama ! " entendit celui-ci. Son pressentiment allait se révéler exact. " Je- nous avons un problème. Aucun chauffeur n'est disponible pour l'instant pour venir vous chercher. Nous sommes sincèrement désolés. C'est vraiment imprévu. Et Madame votre mère a demandé le troisième chauffeur pour l'emmener à sa réunion. Nous sommes sincèrement désolés vous- "

" Vous ... vous allez me faire prendre le ... bus ? " fit le jeune homme, un sourcil relevé d'incrédulité. Il n'en croyait pas ses oreilles.

" Désolés ! " émit la voix plaintive. " Croyez bien, Monsieur, que vous- "

" C'est bon ! J'ai compris. " Atobe raccrocha, rageur.

Ce n'était pas en prenant le bus qu'il gagnerait du temps sur le travail qu'il avait à faire.

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